
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 28 04 25
En Calédonie tout finit par un accord.
Ce fut le cas en 88, ce fut le cas en 98. A tel point que la population et ceux qui se sont autoproclamés "société civile", s'impatientent et se demandent pourquoi, en 2025, nous ne sommes pas encore, arrivés à un accord.
Un accord qui apparait comme l'alpha et l'oméga, le but ultime, la panacée à tous nos maux. Un accord introuvable mais sacralisé et attendu comme le Messie.
Un accord qui relancerait l'économie, qui stabiliserait la vie politique, qui redonnerait de l'espoir et de la visibilité.
Le ministre des outremers, lui-même, se prend au jeu en déclarant qu'il n'existe pas d'autre voie que celle d'un accord. "Toute alternative mènerait à une impasse économique et sociale aux conséquences dramatiques", assène-t-il, et il agite la menace d'une spirale de violence qui s'emparerait de la Nouvelle-Calédonie.
Et Manuel Valls est tellement convaincu de la nécessité d'un accord qu'il morigène les responsables politiques calédoniens en affirmant qu'il faudra qu'ils expliquent pourquoi ils ne seraient pas d'accord avec l'idée d'un compromis politique.
C'est clair ! Le ministre le veut cet accord.
Et pour lui donner toutes ses chances, il a prévu, à l'occasion de sa troisième visite en trois mois – et inspiré sans doute par l'actualité vaticane – une sorte de conclave ou de huis clos pour aboutir dans quelques jours à cet accord.
Mais il faut peut-être raison garder et se demander sur quoi s'accorder quand les positions sont aussi éloignées qu'elles le sont, plus de trois ans après le 3ème référendum, et près d'un an après l'insurrection de mai.
Manuel Valls le veut cet accord. Mais ses interlocuteurs ?
C'est une question à poser alors que chacun s'est exprimé cette semaine.
Un méchant papier, publié par le journal Le Monde, résume la position des Partisans de la France en leur imputant un rejet de toute concession envers les indépendantistes et une défiance vis-à-vis de l’Etat et il assène que "les Loyalistes envisagent de ne pas signer l'accord proposé par l'Etat". Un procès d'intention guidé par le parti pris puisque l'on ne connait pas encore la proposition de l'Etat. Mais qu'à cela ne tienne !
Et pourtant, les Loyalistes affirment être prêts à signer un accord mais ils ne veulent pas d'un accord à tout prix et ils fixent des lignes rouges. Cet accord doit être conforme aux trois non à l'indépendance, il doit comprendre une ouverture du corps électoral, il doit considérer qu'il n'y a pas de différences entre les ethnies, il doit donner plus de pouvoir aux provinces et il ne doit pas maintenir l'épée de Damoclès des référendums à répétition.
Mais les indépendantistes du nouveau FLNKS ont, eux aussi, fixé des lignes rouges voire écarlates.
Ils ne signeront un accord que s'il conduit à la souveraineté pleine et entière. C'est "l'objectif ultime et la condition indispensable à une paix durable", écrit même Christian Téin depuis sa cellule de Mulhouse. Et s'il veut bien signer un accord ce sera l'accord de Kanaky qui devra préciser la date effective d'accession à l'indépendance avant la fin du mandat présidentiel en 2027. Le président du FLNKS qui écrit aussi que "Le projet d’accord version Valls ne correspond pas à nos propositions. C'est plutôt un énième statut au sein de la République, prolongeant ainsi la colonisation pour plusieurs années."
Après ça, on attend impatiemment le papier du Monde qui écrira que le FLNKS envisage de ne pas signer l’accord proposé par l’Etat.
A la veille de l'arrivée de Manuel Valls, on a compris que le ministre veut un accord Mais on a envie de dire que ça ne sert à rien de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : un accord, un accord, un accord.
Tout le monde sait que, dans ces conditions, ça n'aboutira à rien.