
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée 11 08 25
Le FLNKS, combien de divisions ?
La question peut être posée dans ses diverses acceptations.
Et d'abord pour paraphraser la célèbre boutade de Staline : "Le pape, combien de divisions ?" On peut en effet s'interroger sur le poids réel du nouveau FLNKS.
Depuis le retrait du PALIKA et de l'UPM, il s'est reconstitué autour de l'UC-CCAT et d'une myriade de petits partis, associations et groupements, à la représentativité très incertaine. Il s'agit du RDO, du parti travailliste, de l'USTKE, de la Dynamique Unitaire Sud, de la Dynamique autochtone, du MNIS, du MOI, et de la CNTP. Autant de noms ronflants ou de sigles obscurs pour des organismes qui – à quelques exceptions près – ne représentent pas grand-chose, ni en termes de légitimité, ni en nombre d'adhérents. Certes, ce regroupement a le mérite de multiplier les émetteurs mais le poids électoral de cette coalition hétéroclite est sujet à caution.
Et il ne doit pas faire oublier le poids bien réel de l'UNI qui n'est pas moins indépendantiste mais qui soutient clairement l'accord de Bougival.
Et puis, le FLNKS combien de divisions ?
Au sens propre aussi la question vaut d'être posée, tant les violences insurrectionnelles de mai 2024 ont fracturé le monde indépendantiste. Et même au sein de l'Union calédonienne, les divisions sont fortes entre les radicaux et les modérés. Tous ne souscrivent pas à la folie destructrice de la CCAT. Et le 45ème congrès du FLNKS, qui s'est tenu ce week-end, a mis en exergue ces tensions avec des débats très violents entre ceux qui soutenaient les signataires de Bougival et ceux qui ne les soutenaient pas.
Mais les dés sont jetés ! Et même si le FLNKS feint d'entretenir le suspense sur le contenu de sa motion, on a bien compris qu'il a suivi les consignes de son président, Christian Tein, et qu'il a rejeté de façon claire et sans ambiguïté le projet d'accord. Un rejet, dit-on, à l'unanimité mais là aussi les processus de décision du Front ne sont pas forcément placés sous le signe de la démocratie mais plutôt d'une obscure dynamique de groupe dans laquelle les plus extrémistes ont souvent le dernier mot.
Qu'à cela ne tienne ! Le ministre des outremer affiche sa détermination. Il ne se résigne pas.
Avant même que soit connu officiellement le rejet de l'accord de Bougival par le FLNKS, Manuel Valls prend acte de ce positionnement, prouvant ainsi que le temps de l'Etat n'est pas le même que celui des indépendantistes, et il annonce son arrivée dès la semaine prochaine.
Manuel Valls n'a pas digéré l'échec de Deva et il a bien l'intention de ne pas se laisser voler le succès de l'accord historique de Bougival.
Mais on s'interroge tout de même sur les arguments dont il dispose pour faire évoluer la situation.
Pense-t-il vraiment pouvoir, par une démonstration rationnelle, démontrer au nouveau FLNKS qu'il doit approuver cet accord ?
Se sent-il capable de le contraindre à respecter la signature de ses négociateurs ?
Et pense-t-il réellement effrayer l'UC-CCAT en lui disant que, sans compromis, il n'y aura pas de reconstruction durable et pas de véritable reprise économique ?
Sa visite lui permettra peut-être de mieux toucher du doigt la réalité du monde indépendantiste. Il pourrait, à cette occasion, prendre conscience de l'incongruité d'avoir pour interlocuteur un parti dont le président est en liberté conditionnelle et assigné en résidence en métropole, mais qui intervient régulièrement dans le débat politique, par visioconférence, alors qu'il reste mis en examen notamment pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs.
Manuel Valls ne peut faire semblant d'ignorer que c'est un élément qui va contribuer à perturber gravement la mise en œuvre de l'accord de Bougival.