
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 19 05 25
On ne peut pas vraiment dire que les choses s'éclaircissent depuis l'échec des discussions sur l'avenir institutionnel et le départ de Manuel Valls.
Le ministre des outremers était parti, fâché, mais sans fixer aucun rendez-vous précis, si ce n'est l'organisation d'élections provinciales sans évolution du corps électoral. Le maintien d'un corps gelé, c'était un peu sa vengeance à l'égard du camp des partisans de la France qui avait rejeté son projet d'indépendance association.
Mais depuis, tout le monde s'en est mêlé et on n'y comprend plus rien.
L'UNI d'abord est satisfaite du projet posé sur la table par Manuel Valls. Et pour cause ! C'est presque le sien et c'est incontestablement un projet d'indépendance. Et selon Jean-Pierre Djaiwé, il existe un consensus autour de ce projet de la part de Calédonie ensemble, de l'Eveil océanien, du FLNKS et de l'UNI.
L'UNI qui estime donc que les négociations doivent se poursuivre sur ce projet avec ceux qui le veulent bien et que, faute d'accord, l'Etat devra organiser un référendum pour choisir entre le projet de fédéralisme, des Loyalistes et du Rassemblement et le projet de souveraineté avec la France, de l'Etat.
L'Eveil océanien a, lui aussi, voulu donner sa vision des faits à l'occasion de son congrès et son président réélu affirme qu'il y avait trois projets sur la table. Celui de Manuel Valls, celui des partisans de la France et celui d'un avenant à l'Accord de Nouméa. C'est ce dernier projet que privilégie l'Eveil océanien, pour offrir une période de stabilité et de reconstruction à la Nouvelle-Calédonie. Cet avenant – dont la durée reste à déterminer – pourrait se terminer par l'organisation d'un référendum de projet, là encore, où les calédoniens auraient à choisir entre un Etat associé et un Etat fédéré.
Décidément, en Calédonie, l'imagination est au pouvoir et l'on n'est jamais à court de constructions institutionnelles plus ou moins baroques.
Et ces deux partis ne veulent pas d'élections provinciales avant la fin de l'année parce que, selon eux, cela précipiterait la Calédonie dans un processus de campagne électorale qui n'est pas un gage de construction.
Mais il faudra qu'ils l'expliquent au ministre des outremer qui vient d'annoncer que les provinciales doivent avoir lieu avant le 30 novembre, comme le prévoit la loi organique, sauf à ce qu'un accord institutionnel soit intervenu d'ici là pour permettre de les repousser à nouveau.
Mais Manuel Valls, lui, poursuit son chemin et il ne lâche rien !
Après avoir été malmené sur presque tous les bancs, à l'Assemblée nationale et au Sénat, il persiste et signe en invitant les délégations politiques à un comité de suivi, avant la fin du mois de juin. Il s'agira de poursuivre les discussions autour de son projet de "souveraineté avec la France". Parce qu'il n'en démord pas ! Son projet est le meilleur. Il permet – écrit-il – "de conjuguer les aspirations divergentes à la pleine émancipation et au lien structurant avec la France" et il ajoute que c'est "un statut inédit qui conjuguerait souveraineté et unité, dans le respect de l'Accord de Nouméa."
Bref, on a l'impression qu'il trouvé la pierre philosophale !
Et pourtant des Loyalistes au Rassemblement, de Laurent Wauquiez à Bruno Retailleau, d'Estelle Youssoufa à Olivier Fayssat et Rachid Temal, chez les parlementaires, ils sont nombreux à lui avoir expliqué que son projet – qui veut imposer l'indépendance à une Calédonie qui n'en veut pas – n'est pas le bon. "Ce que vous dites est gravissime" lui a déclaré la député de Mayotte. Et même l'ancien ministre des outremers, Hervé Mariton s'en est mêlé pour asséner que "Parler de "souveraineté partagée" est un oxymore, parce qu'on est souverain ou on ne l’est pas."
Mais Manuel Valls ne veut rien entendre. C'est le problème avec lui. Quand on lui dit non, il ne comprend pas. Même quand c'est trois fois non !