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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 04 08 25

Elizabeth Nouar
3 août 2025 à 23:08
Le pari de la confiance n'est pas encore gagné !

L'accord de Bougival est-il fini ? Menacé de mort ? Au bord du naufrage ? 
Manuel Valls ne le croit pas et il martèle sa conviction sur tous les tons, sous toutes les formes et dans tous les médias. 
Le ministre des outremers multiplie les interventions pour affirmer qu'il n'y a pas péril en la demeure et qu'il suffit de dialoguer pour lever les ambiguïtés.
Il semble persuadé qu'il suffit que sa porte reste ouverte pour éclairer et compléter l’accord de Bougival et que le dialogue permettra de surmonter les incompréhensions.
Il est convaincu que la réunion prochaine du comité de rédaction, destiné à affiner et consolider les textes de lois constitutionnelle et organique, permettra de clarifier l’esprit de l’accord pour tous les Calédoniens.
Un peu comme s'il voulait se convaincre lui-même que tout va bien.

Mais ce n'est pas le cas ! 
L'attitude de l'UC plombe véritablement le projet d'accord de Bougival. D'autant plus que – sauf énorme et improbable surprise – le FLNKS, qui réunit samedi prochain son congrès extraordinaire, rejettera lui aussi le document que sa délégation a signé.

Les motivations de ce rejet par la fraction la plus radicale des indépendantistes sont doubles. 
La première, est purement factuelle. C'est celle de ses signataires qui sont les otages de la CCAT, mais qui tentent de sauver la face en se réfugiant dans le formalisme. C'est Emmanuel Tjibaou qui déclare qu'il a "signé mais pas paraphé", qui rappelle qu'il n'avait pas mandat pour signer un accord et qui acte le refus du document par la base.
La deuxième, c'est un rejet sur le fond quand l'Union calédonienne parle "d'un leurre de souveraineté permettant le maintien de la Nouvelle-Calédonie française." L'UC rejette le projet d'accord au motif qu'il ne respecte pas les fondamentaux de la décolonisation et qu'il ne reconnait pas le peuple kanak et ses arguments sont repris et déclinés "ad nauseam" par la myriade de petits partis ou associations, souvent microscopiques, regroupés dans le nouveau FLNKS. 

Face au risque de rejet de l'accord Manuel Valls a pris sa plume pour récuser, un à un, ces arguments mais, pour autant, il serait naïf de penser qu'il pourra convaincre les plus radicaux des indépendantistes, à force de pédagogie et d'arguments rationnels.
On sait que cela ne fonctionne pas et il suffit, pour s'en convaincre, de se rappeler le débat sur l'ouverture du corps électoral.

L'Etat est donc devant un choix. Soit il poursuit le processus, comme si de rien n'était, en comptant sur le soutien d'une large majorité représentée par tous les partis signataires sauf l'UC, mais il sera forcément accusé, par l'UC CCAT, de vouloir passer en force et le parlement pourrait trainer les pieds pour mettre en œuvre un accord qui ne fait pas consensus en Nouvelle-Calédonie. 

Soit il rouvre la discussion au risque de faire bouger les lignes en renégociant un accord qui représente un subtil équilibre qu'il ne peut pas détricoter. 
Il ne faut pas non plus, qu'à force de vouloir rassurer les indépendantistes, le ministre des outremers en vienne à pénaliser les partisans de la France qui n'accepteront pas d'aller plus loin dans les concessions qu'ils ont faites.

Un vrai dilemme pour le ministre des outremers qui pensait avoir levé la malédiction du dossier calédonien quand il a célébré la signature de cet accord historique, à l'Elysée, en présence du Chef de l'Etat, du Premier ministre et des présidents des deux assemblées. 

Il pensait avoir réédité le miracle de l'Accord de Matignon mais "le pari de la confiance" – sous-titre de l'accord de Bougival – n'est pas encore gagné !

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