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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 22/04/25

Elizabeth Nouar
21 avril 2025 à 20:15

Et maintenant que va-t-il se passer ? C'est la question lancinante qui hante tous les calédoniens à quelques jours du retour de Manuel Valls. 

Le ministre des outremers sera là d'ici une semaine et il doit passer une dizaine de jours sur le territoire avec l'objectif affiché d'aboutir à un "accord global" ou, au moins, à un "compromis global" sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. 

Il l'a écrit dans un communiqué. Il se félicite de la méthode "coconstruite" qui a permis de restaurer la confiance. Il affirme que l'Etat a pris ses responsabilités en soumettant un projet d'accord global qui est une base de négociation. Et il met la pression sur ses partenaires calédoniens en soulignant que nous sommes à un moment historique, décisif pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. 

En clair, malheur à ceux qui refuseront de signer un accord alors que la Nouvelle-Calédonie fait face à un situation économique et sociale particulièrement grave et alors que la paix reste fragile.

Mais le ministre reste lucide et il ajoute que le chemin vers un accord demeure exigeant, que les positions sont encore éloignées mais que des évolutions sont possibles.

"Les positions sont encore éloignées" ? 

C'est – au mieux – un euphémisme quand on sait que les uns veulent que la Calédonie inscrive définitivement son avenir dans la France et que les autres ne veulent que d'une trajectoire qui les mènera à la pleine souveraineté.

Et l'objectif de Manuel Valls est d'autant plus ambitieux, qu'entretemps, l'UC-FLNKS aura réuni sa convention, le 26 avril, pour donner leur feuille de route à ses négociateurs qui ne sont, pour l'heure, que des "discuteurs". On ne sait pas, bien sûr, ce qui sortira de ce rendez-vous de la mouvance indépendantiste mais les déclarations de ses représentants, et notamment d'Emmanuel Tjibaou, laissent dubitatif. Il déclare être prêt à un accord, si celui-ci confirme la trajectoire vers la pleine souveraineté.

Alors que va-t-il se passer lors de la venue de Manuel Valls ? 

Sauf miracle improbable, on ne voit pas – malgré le souhait du ministre des outremers – quelles évolutions sont possibles et qui va évoluer. 

Mais, après tout, on peut penser que ce n'est pas grave et que l'on n'est pas si pressé. 

C'est faux pour au moins deux raisons. La première tient à la reprise de l'économie et on a bien compris que les chefs d'entreprise ont besoin de signes de confiance mais on peut rétorquer qu'il vaut mieux "pas d'accord" qu'un mauvais accord qui plomberait, à coup sûr, l'économie.

La seconde raison tient à l'organisation des élections provinciales. Pour qu'elles aient lieu avant la fin de l'année, on est déjà hors délai puisqu'un accord devait être trouvé au 31 mars. Et s'il n'y a pas d'accord, il faudra reporter encore cette échéance électorale alors qu'elle devait avoir lieu il y a un an, le 12 mai 2024 et que les élus ont, déjà, un mandat à durée indéterminée. Peut-on éternellement repousser le renouvellement des assemblées de province et du congrès ? Ça semble compliqué. Mais peut-on organiser des élections avec un corps électoral gelé ? Ça ne semble pas possible non plus. Alors va-t-on nous reparler d'un petit accord qui ne ferait qu'entrouvrir le corps électoral ? Ce n'est pas davantage acceptable. 

Alors que va-t-il se passer ? Bien malin qui pourra le dire et on a bien conscience qu'il ne faut pas désespérer les calédoniens mais, en fait de trajectoire, on a surtout l'impression de tourner en rond voire de faire du surplace.

 

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