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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 14/04/25

Elizabeth Nouar
13 avril 2025 à 19:38
Penser qu'un accord est possible d'ici la fin du mois relève, sans doute, de la pensée magique !

Penser qu'un accord est possible d'ici la fin du mois, comme l'a déclaré Manuel Valls avant son départ début avril, et comme l'a répété François Bayrou, la semaine dernière au Sénat, relève sans doute de la pensée magique.

On ne voit pas encore, dans le document proposé par l'Etat, les éléments constitutifs d'un accord politique. Et on ne voit pas ce qui pourrait évoluer de façon décisive d'ici le retour du ministre des outremers, le 29 avril, même s'il a prévu de rester une dizaine de jours sur le territoire, ce qui prouve son opiniâtreté.
Mais, sauf miracle, on ne voit pas sur quoi les positions des uns et des autres pourraient converger, sauf à ce que l'un des camps fasse des concessions insupportables pour sa base. 

C'est ce que confirme le document "top secret" de l'Etat, qui est désormais sur la place publique. On se disait bien qu'il était impossible qu'il ne soit pas divulgué dans la mesure où au moins une vingtaine de négociateurs en avait été destinataire. La confidentialité aura tout de même tenu une dizaine de jours ce qui – à l'heure des réseaux sociaux – est tout à fait exceptionnelle. Au point que l'on se demande qui a craqué et pourquoi l'un des détenteurs du précieux document a cru bon de le faire fuiter. 
Ce n'est pas dramatique mais ce n'est pas non plus très malin parce que, franchement, ça risque surtout d'apporter plus de confusion et plus d'incertitudes aux discussions. 
Et à qui profite "le crime" si ce n'est à ceux qui ne veulent pas d'un accord ?   

De toute façon, ce document est déjà périmé puisque ce n'est qu'un projet mis sur la table par l'Etat. Un nouveau document martyr, qui ne veut pas dire son nom, après que le premier, qui nous avait occupés pendant quelques mois, ait été, purement et simplement, enterré. 

En fait, on a l'impression que l'Etat tâtonne dans sa recherche d'un accord global et qu'il tente encore de donner des gages aux uns et aux autres, sans jamais prendre ouvertement partie.

Pour les indépendantistes, il mentionne Nainville-Les-Roches et le droit inaliénable à l'autodétermination mais surtout l'engagement de la Calédonie dans une nouvelle étape de son émancipation. Une formule qui a des allures de trajectoire vers la pleine souveraineté réclamée à cor et à cri par l'UC FLNKS.

Pour les partisans de la France, il évoque le caractère intangible du principe démocratique et du respect de l'État de droit, et la prise en compte des trois scrutins d'autodétermination qui ont confirmé la volonté d’une majorité de Calédoniens de maintenir la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française.

Bref, il y a tout et son contraire et l'on est désormais échaudé par les ambiguïtés que peuvent recéler ces textes. Et quand on sait que la première séquence de "négociations" que le FLNKS appelle toujours "discussions" n'a permis d'évoquer que les considérants, on ne voit pas comment, un compromis global pourrait être trouvé dans un laps de temps aussi court. 

A cela s'ajoute un nouvel élément. A entendre Emmanuel Tjibaou on a cru comprendre que c'est Christian Téin qui, depuis sa cellule de Mulhouse, mène les discussions pour le FLNKS. Le député de la seconde circonscription affirme en effet, tranquillement, qu'avec le dépaysement, il a pu discuter librement avec le président du FLNKS autant sur la stratégie que sur la méthodologie. 

Une révélation qui met, pour le moins, mal à l'aise 11 mois, jour pour jour, après le déclenchement des violences insurrectionnelles. Un épisode effroyable auquel restera lié le nom du haut-commissaire, Louis Le Franc. C'est lui qui a dû faire face à cette folie destructrice et c'est lui qui a réussi, à rétablir l'Etat de droit, malgré les circonstances. Et sans les moyens qu'il avait pourtant réclamés puisque, quand il avait demandé des renforts, on lui avait reproché sa gourmandise. 

Il partira début mai, sans doute avant la conclusion d'un accord mais on peut penser qu'il n'est pas adepte de la pensée magique. 

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