La SIC passe en phase de survie
Le bailleur social est contraint, en raison des émeutes du 13 mai, de mettre en place un plan d’économie drastique.
La SIC est en grande difficulté. Elle a perdu 2 agences, à Saint-Quentin et aux tours de Magenta, qui ont été brulées. Il y a eu une dégradation également sur son agence de Koné le week-end dernier. Mais au-delà des dégâts matériels, elle fait face à une hausse constante et très importante des impayés de la part de ses locataires. En 2023, le montant moyen des impayés était d’environ 25 millions de francs par mois. Aujourd’hui, il a bondi à 75 millions. Sur l’année, l’enveloppe pourrait s’élever à 700 millions de francs voire même 1 milliard selon les projections les plus pessimistes. S’ajoute à cela l’aide au logement qui n’a pas été versée à la SIC en juillet. Un manque à gagner qui fragilise l’entreprise qui loge 27 000 calédoniens à travers le territoire.
"Quand l'entreprise comme la SIC dépend à plus de 85% de la collecte et de la capacité des locataires à payer leur loyer, fatalement lorsque ce pilier-là est mis en défaut, l'entreprise l'est aussi. [...] Les projections nous font craindre d'atteindre la fin de l'année de manière assez douloureuse."
"Le régime de l'aide au logement n'est plus financé pour la période de juillet, ce qui solvabilisait 3000 familles et amenait à peu près 50% de la valeur du loyer. Fatalement tout cela va se traduire par des niveaux d'impayés record."
Face à ces difficultés, la SIC a décidé de rééchelonner ses prêts auprès des organismes bancaires mais aussi de mettre en place un plan drastique d’économie. Ses principaux chantiers sont annulés ou reportés pour un montant d’environ 3 milliards de francs. Seuls les travaux concernant l’hygiène et la sécurité des locataires sont assurés. Gagner du temps pour mettre en place des réformes structurelles, c’est la stratégie que défend Petelo Sao, le président de la SIC.
"C'est de la responsabilité de nos élus de mener ces réformes urgentes d'ici la fin de l'année [...] au risque de mettre en péril 27 000 familles. On évoque depuis trois ans la création d'un fonds de garantie des impayés, qui permettra de garantir pour tous les bailleurs sociaux le paiement des loyers des locataires. Puis un fonds de rénovation urbaine qui permettra de financer les opérations de réhabilitation au sein des résidences historiques, de façon à garantir l'inclusion sociale en Nouvelle-Calédonie."
"Ce sont des mesures qui permettraient d'utiliser des taxes déjà existantes, les fonds sont déjà là, on propose de les reventiler afin de garantir un financement solide du logement social en Nouvelle-Calédonie."
La SIC s’interroge aussi sur le nombre de vacances commerciales depuis le début de la crise. Elle enregistre une centaine de clients en moins. Où sont-ils ? Il est trop tôt pour le dire mais il y pourrait y avoir des questions de surpopulations dans les logements ou alors des gens qui sont contraints de vivre dans des squats.