
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 31 03 25
Le vote de Veylma Faléo, s'il eût été différent, tout l'avenir de la Nouvelle-Calédonie aurait été changé.
Bon, la référence à Blaise Pascal et à son nez de Cléopâtre est un peu exagérée mais tout de même !
Les élus du congrès ont vécu un véritable ascenseur émotionnel, vendredi, lors d'une longue séance émaillée de très longues suspensions. On l'avait dit avant. Sans convention, pas de prêt de l'Etat et sans prêt pas de budget. L'enjeu était donc de taille, et d'autant plus, à la veille de l'arrivée de Manuel Valls.
Mais ce n'était pas gagné et deux élus ont joué avec les nerfs de leurs collègues.
Le maire de Dumbéa qui – pour d'obscures raisons – a choisi de s'abstenir, alors que tous les partisans de la France ont voté pour le budget. Et le président de la province Nord qui a oublié – on se demande pourquoi – de donner une procuration alors que l'ensemble des indépendantistes ont voté contre.
On s'est donc retrouvé avec 25 voix pour, 25 voix contre, et 3 abstentions et c'est la voix prépondérante de la présidente du congrès qui a fait la différence et permis l'adoption du budget 2025. Une situation d'autant plus surréaliste que les autres élus de l'Eveil océanien s'étaient abstenus.
Surréaliste aussi – mais on y est habitué – la position de Calédonie ensemble qui a voté pour le budget mais qui – à entendre Philippe Gomès – s'est ainsi rendu complice de ce qu'il dénonce, avec sa virulence habituelle, comme "un scandale d'Etat".
Ses incohérences sont parfois difficiles à suivre mais, cette fois-ci, contrairement à ce qui s'est passé lors de l'épisode du pacte nickel, il n'a pas osé franchir le Rubicon.
Le budget est donc adopté et le ministre des outremers a pu signer dès son arrivée le prêt garanti par l'Etat qui devrait – quoi qu'en disent ses détracteurs – apporter une véritable bouffée d'oxygène à la Nouvelle-Calédonie.
Mais après, Manuel Valls s'est quasiment enfermé au haut-commissariat et rien ne filtre des négociations intensives qu'il mène, depuis samedi, avec l'ensemble des partenaires calédoniens. Ce sont bien de véritables négociations a prévenu le ministre des outremers et il a manifestement intimé la discrétion et le silence aux différents participants.
On sait seulement qu'il leur a distribué un document "top secret" qui n'est rien moins qu'un "Projet d'accord politique sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie". Ce qui prouve son ambition, parce qu'il le dit lui-même, "il est difficile de trouver une voie commune". Le ministre des outremers parle même d'un moment historique, qui n'offre qu'une seule issue acceptable : celle d'un compromis ou d'un accord politique et il énumère les principes sur lesquels repose la démarche qu'il propose. Ils sont au nombre de douze – ce qui fait beaucoup – et c'est à un véritable numéro d'équilibrisme que se livre Manuel Valls pour que chacun puisse s'y retrouver. Il nous ressort Nainville-les-Roches, il parle de peuple de la Nouvelle-Calédonie, souverain quant à son destin... Mais il reconnait le résultat des trois référendums en relevant seulement la forte abstention des kanak. Il parle de la gravité des violences de mai 2024... Mais, elles sont, selon lui, révélatrices de profondes fractures.
Tout est à l'avenant pour que personne ne trouve un prétexte à claquer la porte, ce qui serait, pour lui, un véritable échec. Il précise, aussi, que "ce travail exige un changement de regard, qu'il impose de dépasser les postures, de sortir des calculs de court terme et de s'élever à la hauteur d'un projet historique".
On le sait. Manuel Valls a une obligation de réussir ces négociations. C'est sa réputation et son avenir politiques qui sont aussi en jeu. D'où son insistance pour aboutir et arriver à un compromis global. Et pour l'encourager on peut lui rappeler ce célèbre aphorisme. "Un compromis, c’est l’art de couper un gâteau de telle manière que chacun pense avoir la plus grosse part."