LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 03 02 25
C'est reparti !
Les délégations politiques calédoniennes sont à Paris pour des discussions bilatérales.
On a un peu l'impression d'un éternel recommencement, qui s'accompagne, cette fois-ci, d'un sentiment d'urgence et, en même temps, d'une forte dose de scepticisme.
Combien de discussions ont déjà été organisées à Paris ? Combien de formats ont été imaginés ? Combien de résolutions ou de conclusions ont été rédigées pour n'aboutir finalement à aucun résultat concret ?
Seul changement notable cette année, tous les groupes politiques ont répondu à l'invitation de François Bayrou et de Manuel Valls et cela fait longtemps que ce n'était pas arrivé.
Lors de la session d'échange, organisée par Jean Castex en mai 2021, l'UNI était absente. Il faut dire que l'on était en pleine crise gouvernementale pour élire le président indépendantiste de l'exécutif et que, déjà, le torchon brûlait entre l'UC et le PALIKA.
Mais l'Union calédonienne, elle, était présente lors de cette séquence qui a validé la date du 3ème référendum.
L'UC qui, après la consultation, a choisi la politique de la chaise vide malgré toutes les tentatives pour la ramener autour de la table des discussions.
On est donc presque surpris de la voir accepter de se rendre à Paris, même si c'est sous la bannière du FLNKS nouvelle formule, celui d'une UC-CCAT renforcée par diverses composantes indépendantistes.
On a bien compris que ce n'est pas le "FLNKS historique" qui a répondu à l'invitation de l'Etat. Ce n'est pas le signataire des accords de Matignon et de Nouméa. C'est un "pseudo FLNKS", amputé de deux de ses composantes majeures, le PALIKA et l'UPM, qui font délégation à part sous les couleurs de l'UNI.
Et comme si ça ne suffisait pas, ce nouveau FLNKS a, par provocation, composé une délégation "repoussoir" dans laquelle figurent ses dirigeants les plus radicaux et, notamment, les émissaires de l'Azerbaïdjan.
De toute façon, l'UC-CCAT ne consent qu'à des bilatérales avec l'Etat et elle veut simplement clarifier le postulat de départ des discussions, pas négocier un accord avec l'Etat et les partisans de la France. La seule chose qui l'intéresse, c'est que soit fixée une date d'accession à l'indépendance.
Bref, ce n'est pas gagné !
En fait, il ne faut pas se leurrer. Le seul véritable intérêt de cette séquence, c'est de savoir comment l'Etat s'empare du dossier après des années d'atermoiements, encore aggravés, ces derniers mois, par l'insurrection de mai et par la situation politique nationale. Dans la lettre qu'il a adressée aux responsables politiques calédoniens, le Premier ministre François Bayrou marche, d'ailleurs, sur des œufs et l'on voit bien qu'il a tourné sept fois sa plume pour essayer de trouver les bons mots qui peuvent être acceptés par tous.
Il relève que "la Nouvelle-Calédonie doit trouver le chemin pour construire son avenir" et il confie à Manuel Valls la charge de "trouver les voies et moyens de restaurer le processus politique" qu'il appelle de ses vœux. Il fixe comme objectif à ces discussions bilatérales de définir une méthode, un calendrier mais aussi le contenu de négociations qu'il souhaite ouvrir, dès que possible, avec l'ensemble des forces politiques et l'Etat.
Il annonce aussi un document de travail proposé par le gouvernement. Sans doute un nouveau document martyr dont on se demande s'il aura plus d'avenir que le précédent.
Au-delà de ce courrier, c'est évidemment le positionnement de l'Etat qui sera à même de faire pencher la balance et de donner une véritable impulsion, comme il avait su le faire en 1988 avec Michel Rocard. Et il ne faudra pas que sa main tremble d'autant plus que, pour lui, la situation est plus simple qu'à l'époque. Il y a toujours deux camps, les indépendantistes et les partisans de la France mais, depuis, il y a eu trois référendums et on sait désormais clairement ce que veulent les calédoniens.