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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée

Elizabeth Nouar
30 novembre 2025 à 23:02
Qui veut la mort de Bougival ?

"Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission" disait Georges Clémenceau. 
En Calédonie, quand on rencontre un problème, on crée une mission. La preuve avec la énième mission qui arrive aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie.
On a eu des missions du dialogue, de conciliation, de négociation, et j'en passe... 
C'est aujourd'hui une mission de facilitateurs qui est nommée pour tenter de démêler l'imbroglio calédonien et on peut penser que ce n'est pas du luxe.

Thierry Lataste, Rémy Bastille et Benoit Lombrière, ont pour mission d'appuyer l'action du gouvernement pour parvenir, avec l'ensemble des partenaires, à un accord consensuel sur l'avenir du territoire.
On leur souhaite bon courage parce que leur expérience et leur connaissance fines – invoquées pour justifier leur nomination – ne seront pas de trop pour nous sortir de l'impasse.

On recherche donc, de nouveau, un accord consensuel et on à l'impression, une fois encore, d'un retour à la case départ, parce que cet accord consensuel on pensait qu'il avait été trouvé, le 12 juillet dernier, à Bougival. Un accord qualifié d'historique, adoubé par les plus hautes personnalités de l'Etat et signé par les six délégations qui avaient participé aux négociations. 

Mais alors qui veut la mort de Bougival ? C'est la question que l'on est en droit de se poser alors que, depuis quelques jours, les déclarations se multiplient pour affaiblir voire dynamiter l'accord signé le 12 juillet. Des prises de position, "manifestement coordonnées", selon Les Loyalistes qui appellent solennellement au respect de l’esprit et de la lettre de l’Accord de Bougival mais ils sont bien les seuls, avec le Rassemblement, à tenir cette position.

L'UC-FLNKS, on l'a compris, est contre Bougival. Ses négociateurs ont retiré leur signature, et l'UC veut se mettre "en ordre de marche pour faire échec au projet d’accord". Mais ce désengagement semble désormais contagieux avec les réserves émises par l'UNI qui défend Bougival mais qui veut le bonifier et l'améliorer, en modifiant, notamment, les modalités de transfert des compétences régaliennes qui est pourtant l'un des points d'équilibre du texte.

Calédonie ensemble, de son côté, rappelle qu'elle souhaite que soit proposé "un complément consensuel à la trame de l’accord pour lever les ambiguïtés qui subsistent, et réécrire ce qui a été incompris ou mal exprimé."

Et l'Eveil océanien aussi, prend ses distances en réclamant "des compléments aux travaux issus de l’accord cadre de Bougival pour arriver à un véritable accord consensuel." 

Sans oublier ceux qui relativisent Bougival en le qualifiant d'accord syndical et qui veulent nous rejouer la 3ème voie renommée pour l'occasion "voie médiane".

C'est le projet de loi sur la consultation anticipée qui a été le détonateur de ces volte-face mais on peut penser que ce n'est qu'un prétexte. Les mêmes critiques se seraient exprimées si le calendrier n'avait pas été inversé et si la loi constitutionnelle avait été présentée au Congrès de Versailles avant que les calédoniens ne soient consultés.
Comme si 4 délégations sur 6 revenaient, quatre mois et demi plus tard, sur la signature qu'elles ont apposée sur un document intitulé, paradoxalement, "le pari de la confiance".

La mission mandatée par le Premier ministre et la ministre des outremer est chargée d'identifier les précisions et compléments souhaités par plusieurs partenaires, et de proposer au gouvernement les éclaircissements, ajustements ou compléments qu'elle estimera nécessaires à l'accord de Bougival.
Mais ce niveau, ce ne sont pas de facilitateurs dont on a besoin mais de démineurs qui soient capables de détruire, une par une, les réserves, les critiques, les arguties suspectes, qu'érigent les uns et les autres depuis la signature du 12 juillet. 
Et ce sera tout sauf facile !

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