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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 25 08 25

Elizabeth Nouar
24 août 2025 à 22:50
La vraie question c'est de savoir si le FLNKS existe encore...

Débat à distance entre Manuel Valls et Christian Tein. 
Le ministre des outremer prolonge son séjour en Nouvelle-Calédonie, et le président du FLNKS n'a pas le droit d'y revenir, mais cela n'empêche pas les échanges à fleuret plus ou moins moucheté, alors que nous sommes confrontés à une question aussi lancinante qu'existentielle, peut-on mettre en œuvre Bougival sans le FLNKS ?

"Je ne veux pas mettre en œuvre l'accord de Bougival contre le FLNKS" répond Manuel Valls mais il cherche des interlocuteurs et, pour l'instant, il ne les a pas trouvés.  Au point qu'il demande au FLNKS et à son président qu'ils nomment une délégation, "parce que, dit-il, il n'y en a pas aujourd'hui, qui soit en capacité de revenir, de discuter, d'enrichir l'accord de Bougival"

Manifestement, le ministre n'a pas été convaincu par la délégation du BP qu'il a reçue mardi et avec laquelle il s'est entretenu pendant plus de deux heures. Une délégation qui lui a dit que ce n'était pas à elle de discuter et de négocier, et il faut dire que tous les observateurs ont été surpris par sa composition et par son absence de réelle représentativité.

Quant au message transmis, nous le connaissons et nous sommes même blasés à force d'entendre les mêmes slogans ressassés de congrès en discours et en communiqués, mais le ministre, lui, semble abasourdi. "Ce que me propose le bureau politique du FLNKS, dit-il, c'est de discuter uniquement avec l'État, sous supervision des Nations-Unies, pour que le 24 septembre prochain, nous mettions en œuvre un processus qui aboutirait à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie en 2027, avant l'élection présidentielle ! Ça n'est pas possible, ça n'est pas crédible, ça n'est pas sérieux", répond Manuel Valls qui affiche son incompréhension, voire son incrédulité face au rejet de Bougival par le FLNKS. "Je n'ai toujours pas compris les raisons profondes" dit-il en parlant de régression et en dénonçant "la position d'une organisation qui veut passer en force. C'est eux qui veulent passer en force !" rétorque le ministre en renvoyant à l'envoyeur le reproche qui lui est fait.

Mais Manuel Valls va même plus loin en rappelant que le président du FLNKS avait donné son accord à sa propre délégation pour signer l'accord de Bougival. Une affirmation que ne peut laisser passer Christian Tein et, entre l'université d'été de la France Insoumise et celle des écologiques, le président du FLNKS se fend d'un communiqué pour dénoncer "une affirmation mensongère". Et il affirme, qu'il n'a jamais donné, ni directement ni indirectement, son aval à une quelconque signature.

Dialogue à distance, je vous le disais, mais dialogue de sourds et quand Christian Tein profite de ses contacts métropolitains pour jeter de l'huile sur le feu et proférer des menaces sous-jacentes sur de nouveaux troubles, le ministre des outremer affirme que l'Etat ne laisserait pas faire. Il confirme le maintien d'effectifs importants de forces de l'ordre avant de déclarer que "l'État doit assurer le plein exercice de la démocratie, des votes et aussi, bien évidemment, la tranquillité publique." 

Changement de style et d'ambiance pour le ministre des outremer, qui était voué aux gémonies par les partisans de la France, après sa proposition de Deva, et qui se retrouve à ferrailler avec une partie des indépendantistes, après la signature de Bougival. Une partie des indépendantistes ! Et c'est un point essentiel pour Manuel Valls qui sait que, de cet accord, dépend son avenir politique. L'accord est soutenu par le PALIKA et par l'UPM dont la légitimité indépendantiste ne peut être mise en cause. Un argument qu'il développera, notamment, pour convaincre la gauche parlementaire de le soutenir, si la rentrée politique nationale lui permet de tenir son calendrier. 

Au point que la question, aujourd'hui, n'est pas tant de savoir si l'on peut mettre Bougival en œuvre sans le FLNKS, mais de savoir si le FLNKS existe encore.

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