La chronique de la semaine écoulée

Aux grands maux, les grands remèdes !

Pour permettre la libre circulation sur les 5km de routes qui traversent la tribu de Saint Louis, et désenclaver les 12 000 habitants du Mont Dore sud et de Yaté, c'est un dispositif de sécurité tout à fait exceptionnel qui est expérimenté depuis une semaine.

Il mobilise quelque 200 gendarmes pour sécuriser le passage de convois de trente véhicules qui sont accompagnés de trois véhicules de protection de la gendarmerie avec, tous les 500 mètres, le positionnement de Centaures, les fameux véhicules blindés de la gendarmerie. Excusez du peu !

Et encore ! Malgré ce déploiement hors norme il y a encore quelques ratés puisqu'un automobiliste a été caillassé hier sur la RP1 mais on imagine qu'à l'impossible nul n'est tenu et que, malgré cette sécurisation, il faudra encore du temps pour faire comprendre aux jeunes délinquants de la tribu que ce n'est pas bien de jeter des cailloux. C'est une question d'éducation et il a du travail à faire !

Les plus dangereux, ceux qui tiraient à l'arme lourde sur les gendarmes, et qui attaquaient les automobilistes pour leur voler leur voiture, semblent avoir été mis hors d'état de nuire et c'est déjà une avancée sensible. Les habitants du sud de la Grande Terre se sentent désormais un peu plus libres, un peu moins abandonnés.

Tout n'est pas réglé pour autant et, prudemment, 5 mois après le déclenchement des violences insurrectionnelles du 13 mai, le haut-commissaire parle de désescalade. Pas encore de retour à la paix.

C'est la vision qu'aura le nouveau ministre des outremers, François-Noël Buffet qui nous réserve sa première visite depuis sa nomination rue Oudinot. Et pour cause ! Il a choisi le territoire dont la situation nécessitait le plus l'attention de l'Etat. Au train où ça va, il va aussi devoir bientôt aller éteindre le feu à la Martinique, en espérant que cette fièvre déstabilisatrice, ne gagne pas tous les outremers, sinon, il ne saura bientôt plus où donner de la tête.

C'est donc en Calédonie qu'il vient en premier et il trouvera un territoire exsangue, dévasté, meurtri, et qui commence, à peine, à panser ses plaies. Dans ce contexte, venir parler de reconstruction, c'est faire preuve d'un bel optimisme ! Mais François-Noël Buffet promet des réponses rapides et pragmatiques et c'est, clairement, ce dont nous avons besoin. Et aussi, des garanties que la Calédonie ne sera pas oubliée malgré l'état apocalyptiques des finances publiques nationales. On comprend que tout le monde doit faire des efforts, mais les calédoniens n'ont plus vraiment la capacité d'en faire.

Le ministre chargé des outremers vient, aussi, expliciter l'annonce du Premier ministre de reporter les élections provinciales à 2025. C'est fou ce que l'on a besoin d'expliciter ces derniers temps ! Et Michel Barnier vient à peine d'expliciter la nécessité de modifier le corps électoral...

Globalement, tout le monde est favorable au report des provinciales, tant on voit mal organiser, d'ici décembre, une campagne électorale et un scrutin, alors que l'on ne peut pas encore circuler partout sur le territoire et alors que l'on se souvient des irrégularités qui ont émaillé les élections législatives. D'accord pour différer les provinciales donc, mais de report en report, on va tout de même avoir la mandature la plus longue de l'Accord de Nouméa et cela va commencer – quoi qu'on en dise – à poser un problème de légitimité. D'autant plus qu'il s'agit d'engager les discussions sur l'avenir institutionnel. Et on se demande qui pourra être, valablement, autour de la table sachant que plusieurs de ces élus se sont discrédités en soutenant – ou en ne condamnant pas – les exactions de la CCAT. Seront-ils légitimes pour négocier, au nom des calédoniens, au seul prétexte qu'ils ont été élus en mai 2019, c’est-à-dire en un autre temps, bien avant ce déferlement de violences et de haine qu'ils ont parfois validé ? Ça aussi, il va falloir l'expliciter...