LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée
"Montrer sa force pour ne pas avoir besoin de s'en servir".
Ce principe – dont le maréchal Lyautey avait fait sa devise – est vieux comme le monde et il a été mis en œuvre avec efficacité ce 24 septembre. Malgré les annonces, les rumeurs, les menaces, et tout ce qui circulait sur les réseaux sociaux, la présence et la mobilisation massives des forces de sécurité intérieure ont dissuadé toute velléité de désordre, de violences et d'agitation. Le 171ème anniversaire du rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France a été célébré tranquillement, discrètement et sans débordement.
Il y a bien eu la déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies, faite à Maré, par le président du conseil des chefs, mais on a compris qu'il s'agit d'une revendication interne au monde kanak qui veut gérer directement ses affaires coutumières. Et ses conséquences seront, aussi, en interne. C'est la traduction et l'illustration d'une lutte d'influence, qui s'exprime désormais au grand jour, avec le sénat coutumier.
Le 24 septembre n'a pas été le 13 mai mais l'on espère ne pas vivre, régulièrement, sous la férule de ces prédictions anxiogènes et récurrentes qui viennent inutilement inquiéter une population qui n'en n'a vraiment pas besoin.
Il reste la situation à Saint Louis. C'est le point de blocage. C'est l'élément qui interdit que – plus de quatre mois après le début des violences insurrectionnelles – on puisse parler d'un retour à la normale.
C'est un point de blocage très réel, puisqu'il coupe le sud de la Calédonie du reste le territoire et qu'il prend en otage des milliers de personnes.
C'est un point de blocage symbolique, parce que le problème de Saint Louis perdure depuis 40 ans.
C'est un point de blocage déterminant parce que la tribu de Saint Louis est le cœur névralgique de la CCAT.
Et c'est là que se concentrent, depuis plusieurs semaines, les efforts de l'Etat qui a mis en place un double verrou aux deux accès de la tribu et qui a lancé plusieurs appels à la reddition des insurgés recherchés.
Tout le monde sent que l'on en est arrivé à un moment décisif parce qu'il devient impératif de rouvrir cette route mais que cela ne peut être fait que lorsque la sécurité sera assurée. C'est ce qui justifie toutes les outrances, toute la désinformation et tous les commentaires diffamatoires et injurieux que l'on trouve, ces derniers temps, sous la plume d'une partie du FLNKS ou dans les propos de députés LFI, auxquels a répondu fermement le nouveau ministre de l'intérieur.
C'est à Saint Louis que tout se joue. C'est un test pour la détermination de l'Etat.
Et c'est pour cela qu'il doit tenir.
Le rétablissement de l'ordre public est incontestablement la première des priorités pour mettre un terme à la violence insurrectionnelle qui s'est déchainée le 13 mai mais, immédiatement après, il y a la reconstruction de l'économie et le chantier est énorme.
A tel point que la Calédonie a sorti deux plans de son chapeau. Un plan proposé par le gouvernement et un plan proposé par le congrès. Deux plans complémentaires mais pour autant concurrents qui n'échappent pas aux arrière-pensées électoralistes. Mais il ne faut pas se leurrer ! Ce qui est fondamental, dans ce domaine, c'est le plan de l'Etat. C'est clairement lui, qui tient les cordons de la bourse et c'est lui qui financera les solutions qu'elles quelles soient, n'en déplaisent à ceux qui se glorifient d'avoir imaginé, unilatéralement, des dispositifs qui se veulent décisifs.
Un Etat désormais omniprésent et quasiment omnipotent en Calédonie.
Ce n'est sans doute pas le résultat qu'avaient envisagé les stratèges et les commanditaires de la CCAT qui, finalement, auront eu tort de se servir de leur force.