
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée 07 04 25
Manuel Valls veut un accord global sur l'avenir institutionnel. Il le veut à tout prix et il est prêt à toutes les concessions et à tous les sacrifices. Il est prêt, pour cela, à revenir autant de fois qu'il le faudra en Nouvelle-Calédonie et même plusieurs fois par mois malgré la sollicitation pressante des autres collectivités ultramarines.
Pour un accord, il est prêt à subir des heures de palabres, de discussions et de négociations. Il est prêt à supporter des querelles byzantines sur un mot et une expression. Il est prêt à avaler toutes les couleuvres. Il est prêt à tout !
Et même à mettre la pression sur ses partenaires calédoniens en agitant le principe de conséquences et en leur affirmant que chacun sera comptable de ses choix, devant les calédoniens.
Il déclare aussi qu'un échec n'est pas envisageable et qu'un échec serait terrible pour la Nouvelle-Calédonie.
Un discours d'auto persuasion qui l'amène à dire, avant son départ, qu'une étape décisive a été franchie et qu'il croit – tout en restant prudent – qu'un accord est possible lors de son retour à la fin du mois.
Ses interlocuteurs sont plus circonspects. Et si personne n'a dévoilé le contenu du projet d'accord politique remis par le ministre, on sait – au travers de quelques indiscrétions – que les négociations n'ont pas dépassé le stade des premiers considérants du texte qui en compte neuf.
Mais Manuel Valls veut y croire pour des raisons que chacun peut comprendre et parce que – on l'a déjà dit – il joue en quelque sorte sa réputation et son avenir politique. Il tient, là, la chance d'inscrire son nom dans l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et il veut prouver qu'il peut faire mieux que Lecornu, Darmanin et les autres...
Il a déjà marqué des points avec une méthode que tout le monde a accepté et salué.
Il a, aussi, réussi l'exploit de réunir tout le monde autour de la table et d'obtenir qu'aucun d'eux ne claque la porte. Même si on se demande ce qu'il a fait miroiter à l'UC FLNKS pour la convaincre de renoncer à ses éléments incontournables.
Mais c'est maintenant que le plus dur commence, tant les positions restent très éloignées sur de nombreux sujets.
Et c'est normal puisque l'on parle d'autodétermination, de compétences régaliennes, de gouvernance, de corps électoral et de citoyenneté. Autant de thématiques sur lesquelles tout, ou presque, oppose les indépendantistes et les partisans de la France.
Et puis il y a le poids des mots. La loi fondamentale, le peuple calédonien, le lien avec la France, la mention ou non de Nainville les Roches. Autant de thème sur lesquelles les divergences sont fortes et pratiquement inconciliables.
Le ministre des outremers appelle ses interlocuteurs à ne pas rester figés dans leur posture ou dans le confort d'un discours mais chaque mot, chaque expression peut recéler un piège et tout le monde autour de la table en a conscience alors qu'il s'agit de trouver une solution pérenne voire définitive pour la Nouvelle-Calédonie.
Surtout que le danger est partout quand on voit la dernière provocation du Groupe Initiative Bakou qui propose sa médiation dans les négociations sur l'avenir institutionnel. Comme s'il n'était pas, déjà, un peu présent dans ces discussions avec la participation, au sein de la délégation UC FLNKS de plusieurs de ses agents d'influence.
Autant dire que personne n'a intérêt à un accord à n'importe quel prix. Et si l'on comprend les nécessités d'un accord qui facilitera une relance de l'économie, chacun voit les dangers d'un accord qui serait conclu sous la pression et dans la précipitation.
Et d'ailleurs, au point où on en est, sommes-nous si pressés ?
Et tout porte à croire que, malgré son impatience, Manuel Valls devra encore effectuer quelques voyages avant de conclure un accord introuvable.