La fréquence aux couleurs de la France

La Nouvelle-Calédonie priorité nationale

Sébastien Lecornu a proposé au "socle commun" de concentrer les négociations sur le budget et la Nouvelle-Calédonie

Par Elizabeth Nouar 8 octobre 2025 à 01:45
Lecornu démissionnaire

Alors que la France est confrontée à une grave crise politique, le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu a proposé au "socle commun" de la droite et du centre de concentrer les négociations sur deux sujets : le budget et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. "Tous les partis du socle commun ont convenu de ces deux urgences, avec une volonté partagée de trouver une issue rapide" a-t-il déclaré.

On le sait, l'urgence autour de la Nouvelle-Calédonie tient à la proposition de loi organique qui vise à reporter les élections provinciales, et qui doit être adoptée très rapidement si on veut éviter que ces provinciales aient lieu avant fin novembre.
Le texte devait être examiné le 22 septembre au Sénat, mais en l'absence de gouvernement, son examen avait dû être repoussé. Et le temps presse parce que la loi doit être promulguée avant le 2 novembre, c’est-à-dire quatre semaines avant le scrutin prévu au plus tard le 30 novembre. À défaut, les électeurs calédoniens seraient automatiquement convoqués pour renouveler les assemblées de province et avec un corps électoral gelé.

Dans un communiqué, le député Nicolas Metzdorf relève que, "dans un moment où tout vacille à Paris, notre île continue d’être considérée comme une priorité nationale. C’est un signal fort – écrit-il – même dans la crise, la République n’oublie pas la Calédonie."

C’est un signal fort ! Même dans la crise, la République n’oublie pas la Calédonie."
Nicolas Metzdorf 

Il y a urgence pour la Nouvelle-Calédonie mais – aux dernières nouvelles – la proposition de loi organique qui reporte les élections provinciales pourraient être examinée dès la semaine prochaine par le Sénat. C'est ce que nous a annoncé le député de la 1ère circonscription qui a eu confirmation de la part du président du Sénat, Gérard Larcher.

L'adoption de cette loi organique permettrait donc le report des provinciales au mois de juin 2026. Mais il faut encore rester très prudent.
L'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée nationale n'est pas encore écartée comme celle d'une éventuelle démission du Président de la République. Autant d'événements qui seraient susceptibles de remettre en cause tout le calendrier. D'où la prudence du député Metzdorf

 

La Calédonie a besoin d'une stabilité politique nationale et on est loin du compte pour l'instant.
Sébastien Lecornu a fixé deux priorités, le budget et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Et les deux sujets nous concernent directement. La Calédonie a aussi besoin que l'Etat se dote d'un budget pour l'aider à passer l'année 2026. 

Au titre de l'urgence, la proposition de loi organique sur le report des provinciales pourrait donc être examinée dès la semaine prochaine par le Sénat. 
Mais les deux parlementaires indépendantistes calédoniens contestent cette volonté. Dans un long communiqué, le député Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie contestent la volonté du gouvernement démissionnaire de faire adopter la proposition de loi organique de report des élections provinciales sous couvert d’urgence.
Ils expriment leur vigilance et préoccupation en considérant que le caractère d’urgence attaché à la situation calédonienne ne saurait, en aucun cas, justifier un passage en force, ni le contournement du dialogue politique. 
Emmanuel Tjibaou et Robert Xowie affirment que l’avenir de notre pays ne peut être engagé sur la base d’un texte contesté, fondé sur un accord non partagé et juridiquement incertain. 
Pour eux, le report du scrutin provincial constitue un acte politique majeur, et une telle décision ne peut être prise que dans un cadre apaisé, légitimé par un consensus clair entre les partenaires politiques, et avec un gouvernement pleinement investi, disposant d’un mandat clair et d’une majorité effective.

"Il serait dangereux que la Nouvelle-Calédonie devienne l’otage de calculs politiques ou de décisions hâtives prises sous la pression du calendrier." Emmanuel Tjibaou et Robert Xowie

Les deux parlementaires indépendantistes rappellent aussi la récente décision du Conseil constitutionnel sur le gel du corps électoral pour affirmer que cette décision écarte tout risque de contentieux électoral et retire donc, au gouvernement, tout motif d’urgence pour imposer, dans la précipitation, un report du scrutin. Emmanuel Tjibaou et Robert Xowie affirment enfin que, dans ces conditions, rien ne s’oppose à la tenue des élections provinciales avant la fin de l’année 2025, conformément à la loi organique actuellement en vigueur. 

Une prise de position sans surprise mais qui risque de compliquer encore un peu la situation. 

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