LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
Si Michel Barnier a su négocier avec les Anglais, il saura le faire avec les indépendantistes kanak
Nous avons un nouveau Premier ministre et, le moins que l'on puisse dire, c'est que sa nomination s'est faite attendre. Mais ça y est Michel Barnier est installé à Matignon et après avoir donné à la France son plus jeune Premier ministre, Emmanuel Macron lui donne son chef de gouvernement le plus âgé de la 5ème République.
Une nomination aux allures de pied de nez de l'ancien monde au nouveau, comme l'a démontré la passation de pouvoir où l'ironie du Premier ministre entrant a répondu à l'arrogance du sortant, comme si le jeunisme et le dégagisme étaient passés de mode. La politique nous réserve décidément encore quelques grands spectacles.
Nous attendons maintenant la composition du gouvernement et, surtout, nous voulons savoir qui aura en charge le dossier calédonien. Va-t-il retourner à Matignon, comme ce fut longtemps le cas ? Va-t-il être confié au ministère de l'intérieur comme ces dernières années ? Ou le Président de la République va-t-il le gérer directement, comme il en a exprimé la volonté ?
On espère surtout que le dossier sera bien replacé en tête des priorités, une fois passés les Jeux olympiques et les vacances métropolitaines.
Et ce serait peut-être le bon moment pour créer une structure dédiée qui soit consacrée à la Nouvelle-Calédonie au plus haut niveau de l'Etat. Elle a souvent été évoquée et le temps semble venu tant il y a de nombreux aspects à gérer en urgence. L'ordre public bien sûr, mais aussi l'économie et sa situation cataclysmique, le social et ses risques d'explosion, la reconstruction dans tous les sens du terme et la politique avec la recherche d'une solution institutionnelle.
A ce titre, on se dit que le nouveau Premier ministre, qui a été l'un des négociateurs opiniâtre du Brexit, pourra apporter son expertise aux discussions sur l'avenir. S'il a su négocier avec les Anglais, il doit pouvoir le faire avec nos indépendantistes kanak.
Pour autant, on sait aussi que Michel Barnier a affiché sa préférence et qu'en 2021, avant le 3ème référendum, il n'a pas hésité à apporter "son plein soutien, sans détour ni faux semblant, à ceux qui voteront pour que la Nouvelle-Calédonie reste française"
Il ne faudrait pas que le FLNKS – ou ce qu'il en reste – dénonce par avance sa partialité.
Un FLNKS groggy après son pseudo 43ème congrès et après la défaite de Roch Wamytan à la présidence du congrès. Il sait qu'il doit se repositionner et le PALIKA et l'UPM savent qu'ils ne peuvent pas rester inertes mais ce n'est pas si simple parce qu'il faut, auparavant, se débarrasser de l'encombrante CCAT qui, même affaiblie, continue à terroriser jusque dans le camp indépendantiste et qui, désormais, échappe à tout le monde.
La commission d'enquête sur les liens entre certains élus du congrès et l'Azerbaïdjan – si elle voit le jour – pourra faire toute la lumière sur certains aspects encore obscurs dans les relations entre les indépendantistes et Bakou. Sur les liens financiers notamment, mais aussi sur l'ingérence de ce pays dans l'insurrection violente qu'a connue la Nouvelle-Calédonie et sur le rôle qu'il a pu avoir dans l'émergence de la CCAT.
Paris semble d'ailleurs avoir pris la mesure du problème. La France déconseille à ses ressortissants de se rendre en Azerbaïdjan. Le Quai d’Orsay estime qu'ils s’exposent à "un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable et que le respect des droits fondamentaux n’est pas garanti."
Il est donc déconseillé aux français de se rendre à Bakou "sauf raison impérative". Reste à savoir si la signature d'un mémorandum est un déplacement impératif