
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 24 03 25
"Aide-toi, l'Etat t'aidera !" C'est un peu le principe édicté par Paris à l'égard de la Nouvelle-Calédonie. Et cela fait quelques mois que ça dure.
Aide-toi, en faisant les réformes indispensables qui ont plombé ces dernières années l'économie calédonienne, et l'Etat t'aidera, en débloquant les fonds qui permettront de faire face à la catastrophe économique et sociale engendrée par les violences insurrectionnelles.
Objectivement, ça se tient et l'Etat avait tenu le même discours pour les prêts qui avaient été accordés au moment du COVID. C'est vrai qu'il est compliqué de réclamer, à la fois, de plus en plus d'autonomie et de plus en plus de dépendance financière.
Et c'est d'autant plus étonnant quand cette revendication émane des rangs indépendantistes.
Quoi qu'il en soit, la Nouvelle-Calédonie n'est pas un département et elle ne veut pas l'être. Elle n'est donc pas en position de réclamer ce qui pourrait, sans doute, lui être accordé plus facilement si elle avait un autre statut. Pour le dire trivialement, on ne peut pas vouloir le beurre et l'argent du beurre. On ne peut pas tout avoir sans aucune contrepartie.
Mais, en Calédonie, ça coince et cette logique a du mal à passer. Tous les élus, toutes les collectivités ont tenté, en vain, d'infléchir la position de Paris, ou plutôt de Bercy, pour tenter de faire transformer, en subvention, le fameux prêt de 120 milliards.
Nous savons pourtant, grâce à Emmanuel Macron, qu'il n'y a pas d'argent magique et qu'il va bien falloir – que cela nous plaise ou non – faire quelques efforts pour participer à la refondation et à la reconstruction de l'économie du territoire.
Alors, bien sûr, on peut dénoncer l'ingratitude de l'Etat et son manque de compassion. On peut faire valoir que la Calédonie est exsangue et que ce n'est pas le moment de lui demander des efforts mais, franchement, l'Etat ou la France – parce qu'il faut l'appeler par son nom – a ces derniers temps toujours été là, quand la Calédonie en a eu besoin.
Sans remonter très loin, comment la Calédonie aurait-elle pu passer, il y a 5 ans, l'épisode de la pandémie de Covid, s'il n'y avait pas eu la France ?
Et comment la Calédonie aurait-elle pu fait face à la folie destructrice de la CCAT, s'il n'y avait pas eu la France ?
Il y aura toujours des petits malins mal intentionnés, comme Philippe Gomès, pour jouer l'indignation et refuser martialement un prêt de l'Etat, qualifié de "punition collective qui viendrait endetter les générations futures".
Il prétend que, de toute façon, l'Etat paiera quoi qu'il arrive. Mais l'on a vu que ce n'est pas si simple et que Bercy n'a pas laissé passer, fin décembre, une réforme insuffisante de la TGC.
On a vu, aussi et surtout, les conséquences dramatiques du refus du pacte nickel à l'instigation, déjà, du leader de Calédonie ensemble. A l'époque, il avait réussi à convaincre les indépendantistes de ne pas voter un accord défendu par le président indépendantiste du gouvernement.
Qui peut dire, quelques mois plus tard – alors que KNS a fermé et que les deux autres usines peinent à produire – qu'il était pertinent de refuser l'aide de l'Etat à la filière minière et métallurgique ?
On peut espérer que les élus du congrès feront preuve de davantage de discernement lors de l'examen, vendredi, du budget 2025, d'autant que, s'il n'est pas adopté avant le 31 mars, c'est l'Etat qui prendrait la main sur le budget de la Nouvelle-Calédonie. Et ce serait un comble pour ceux qui dénoncent les conditions drastiques qu'il veut nous imposer !
Faut-il refuser les 120 milliards de l'Etat sous prétexte qu'il faudra les rembourser ? Comme le disait Jean de La Fontaine : "Un tien vaut mieux que deux tu l'auras. L'un est sûr, l'autre ne l'est pas."