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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 18 11 24

Elizabeth Nouar
18 novembre 2024 à 00:38
A trois reprises, les calédoniens ont choisi la France et c'est cette réalité démocratique qui doit désormais servir de plancher aux discussions futures.

"Faire de deux rêves un rêve partagé" 
C'est l'objectif qui nous est fixé par Gérard Larcher, le président du Sénat, qui vient de participer, avec la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet, à une visite qualifiée d'historique parce que, jamais, les présidents des deux chambres du Parlement n’avaient effectué un tel déplacement en commun.

Gérard Larcher nous appelle, aussi, à "passer d'une confrontation stérile à une conjugaison vertueuse" et tous deux nous enjoignent de construire un avenir apaisé et nous invitent à la réconciliation.

On ne remet pas en cause la sincérité de ces deux hauts responsables, ni leur amour pour la Nouvelle-Calédonie ou leur volonté de bien faire. 
Mais six mois après le cataclysme du 13 mai – dont on n'a pas fini de mesurer les conséquences et dont les cicatrices sont loin d'être refermées – il y a un peu d'irénisme dans leur attitude et dans leurs propos. 

L'apaisement, tout le monde l'appelle de ses vœux et la réconciliation viendra, sans doute. 
Mais, pour le coup, il faut laisser un peu de temps au temps et ne pas mettre tous les calédoniens dans le même panier, comme si la responsabilité était égale et que chacun portait une part de culpabilité. 

C'est bien la CCAT, le bras armé de l'UC, qui a porté un coup fatal au vivre ensemble et qui – pour reprendre les propos de Gérard Larcher – a "sapé les fondements même de ce qu'une génération s’est efforcée de construire". C'est bien la CCAT qui est responsable de ce déchainement de violences qui – toujours pour citer le président du Sénat – "donne le sentiment d’un terrible retour en arrière".
On ne peut en faire grief à l'ensemble des calédoniens en leur commandant l'apaisement et la réconciliation.

Et franchement, était-il judicieux d'évoquer la souveraineté partagée ? Certes pour Gérard Larcher, "c’est un choix qui n’est pas nécessairement binaire et qui peut passer par une construction imaginative et originale au sein de la République". Certes, la souveraineté partagée – même si c'est un oxymore – existe déjà dans l'Accord de Nouméa. Mais l'expression est ambigüe et tous les commentateurs de pacotille, se sont jetés sur la formule comme si c'était une révolution voire la panacée à tous les maux de la Nouvelle-Calédonie.
C'est dommage parce que cette expression – que Gérard Larcher avait déjà utilisée devant le congrès en 2016 – est venue polluer ce déplacement alors qu'elle n'a plus vraiment lieu d'être aujourd'hui. 

La France ou l'indépendance ? L'indépendance ou bien la France ? C'est le choix ultime que l'on a imposé aux calédoniens pendant 40 ans. Mais il a été tranché par les trois référendums de sortie de l'Accord de Nouméa. A trois reprises, les calédoniens ont choisi la France et c'est cette réalité démocratique qui doit désormais servir de plancher aux discussions futures. 

Il fallait d'ailleurs entendre le président du Sénat quand il déclare que "la Nouvelle-Calédonie est depuis plusieurs décennies un laboratoire de solutions inédites" et quand il affirme, aussi, qu'il ne faut pas "se laisser piéger par les formules toutes faites et les phrases chocs". Mais certains n'entendent que ce qu'ils veulent entendre. 

Les indépendantistes qui se divisent entre radicaux et modérés, entre constructifs et destructeurs, entre réalistes et doctrinaires, peuvent faire semblant de croire que la situation n'a pas évolué depuis 40 ans. Ils peuvent répéter que leur objectif reste la pleine souveraineté, mais ils ne trompent qu'eux-mêmes et leur base qu'ils continuent d'entretenir dans des idéologies dépassées.

"Faire de deux rêves un rêve partagé" c'est la volonté de concilier les antagonismes qui était déjà présente dans les accords de Matignon. C'est aussi ce qui sous-tendait l'Accord de Nouméa. 

Et personne n'a le droit d'oublier, qui, a transformé ce rêve en cauchemar.

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