
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 17 02 25
S'il avait voulu rendre un peu plus compliquée sa première visite en Nouvelle-Calédonie comme ministre des outremers, Manuel Valls ne s'y serait pas pris autrement.
Parce que jusque-là, ça ne se passait pas mal ! Il avait même réussi l'exploit de faire venir, à Paris, l'ensemble des groupes politiques calédoniens, ce que ses prédécesseurs avaient tenté en vain. Certes, ce n'était encore que pour des bilatérales mais on espérait que le volontarisme de l'ancien Premier ministre allait convaincre les élus UC d'accepter des discussions ou des négociations tripartites, à Nouméa.
Ils avaient tous répondu à l'invitation de Manuel Valls et en plus, chacune des délégations calédoniennes avait semblé satisfaite de ses entretiens rue Oudinot. A l'issue, ils avaient tous l'air plutôt rassurés. "Ces échanges ont permis de rétablir un climat de confiance entre l’Etat et les partenaires calédoniens, estimait d'ailleurs Manuel Valls, même s'il ajoutait prudemment, "une confiance toute relative par principe".
Et effectivement, il a suffi de quelques mots pour remettre en cause cette sérénité, pour rebattre les cartes et pour provoquer l'indignation des partisans de la France.
C'est une déclaration rapportée par le journal Le Monde qui a mis le feu aux poudres. Manuel Valls y explique que l’Accord de Nouméa "c'est une trajectoire qui va d’une souveraineté partagée à une souveraineté pleine et entière."
Une petite phrase qui fait bondir parce qu'elle semble donner raison aux indépendantistes qui affirment que l'Accord de Nouméa doit mener, inéluctablement, à l'indépendance.
Cette déclaration est proprement hallucinante, surtout venant de quelqu'un qui connait bien le dossier calédonien et surtout, plus de 3 ans après le troisième référendum qui a exprimé, sans ambiguïté, la volonté des calédoniens de rester français.
Aujourd'hui, les choses sont claires et il faut se hâter de préparer un statut qui inscrive l'avenir de la Calédonie dans la France.
Pendant des années, on nous a parlé de souveraineté partagée, d'indépendance avec partenariat, d'indépendance association... On nous a dit que l'Accord de Nouméa était "le plancher" et aujourd'hui, on veut nous faire croire qu'il est "le socle et la base".
Mais ça devient proprement insupportable. Les calédoniens n'en peuvent plus de ces termes qui ne veulent rien dire, et qui ne servent qu'à donner un air intelligent et averti à ceux qui les emploient. L'Accord de Nouméa ce n'est pas la Bible. C'est un accord signé pour 20 ans, il y a... 27 ans. Désormais il est clos et il y a urgence à le remplacer. D'autant plus qu'il a montré ses limites et ses ambiguïtés. Mais, tout en étant alambiquées, ses dispositions de sortie sont relativement claires. Si au terme de trois consultations, la majorité des électeurs calédoniens refusent l'indépendance, "les partenaires politiques se réuniront pour examiner la situation ainsi créée."
Nous y sommes depuis le 12 décembre 2021, et ce jour-là, le Président de la République a constaté que la Nouvelle-Calédonie restera donc française.
Il n'y a plus à barguigner et à tergiverser.
Et d'ailleurs Manuel Valls devrait en être heureux qui déclarait à Nouméa, en février 2018, comme membre de la commission des lois de l'Assemblée nationale : "Je souhaite que la Calédonie reste française".
A-t-il voulu donner des gages aux indépendantistes de l'UC pour les amener à des négociations à trois ? S'est-il laissé convaincre par Alain Christnacht et Jean-François Merle qui sont toujours très actifs sur le dossier calédonien et qui n'ont rien abandonné de leurs convictions ? Le ministre des outremers sera là, en fin de semaine, et on attend qu'il clarifie sa position. Mais quand on pense que pendant des années, on nous a seriné "l'Accord, tout l'Accord, rien que l'Accord", en nous affirmant qu'il fallait le respecter à la lettre, on a envie, pour une fois, de les prendre au mot et qu'ils respectent, à la lettre, les dispositions de sortie de l'Accord de Nouméa.