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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 16 12 24

Elizabeth Nouar
16 décembre 2024 à 00:44
Le nouveau Premier ministre a déjà prévenu qu'il avait un Himalaya de difficultés et on ne sait pas encore à quelle altitude il situe le dossier calédonien...

Bon ben ce n'est pas gagné !
L'annonce, le week-end dernier, d'un calendrier de reprise des discussions sur l'avenir institutionnel avait suscité un petit espoir mais il aura été de courte durée.
A peine annoncé, qu'il était dénoncé par les indépendantistes qui sont passés maitres, on le sait, dans l'art de donner du temps au temps.

Et à ce titre, l'Union calédonienne a le mérite de la clarté. 
Alors que le communiqué des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale affirme que le format politique de dialogue s'appuiera sur les forces politiques représentées au congrès, l'UC rétorque que le FLNKS reste l'unique interlocuteur de la mouvance indépendantiste.

Alors que les présidents des assemblées précisent que la méthode de négociation reposera sur les deux documents issus des travaux menés avant le 13 mai, l'UC répond que ces travaux devront être validés par les appareils politiques dont le FLNKS.

Et surtout, alors que le calendrier annoncé prévoyait une première séquence de dialogue entre forces politiques locales du 15 décembre au 15 janvier et une seconde avec l'Etat du 15 janvier au 15 février, l'Union calédonienne indique que les discussions ne débuteront qu'après le congrès du FLNKS qui est prévu dans la deuxième quinzaine de janvier.

Quand on sait que la date de convocation de ce congrès n'est qu'approximative, et que le FLNKS dont il s'agit est présidé par Christian TEIN et réunit l'UC, la CCAT, le RDO et une myriade de petits partis indépendantistes, on a le fort sentiment que le calendrier de reprise des discussions a été tué dans l'œuf.

D'autant plus que le PALIKA n'y souscrit pas non plus complètement et qu'il soulève plusieurs problèmes. Il s'interroge sur l'identité des négociateurs de l'Etat, sur la légitimité des négociateurs calédoniens et sur la validité des documents issus des travaux menés jusqu'au 13 mai.
Bref, il remet tout en cause et il estime que ces discussions ne pourront commencer que quand l'Etat aura annoncé l'ouverture des négociations sur l'avenir.

La nomination d'un Premier ministre et la constitution de son gouvernement vont, peut-être, permettre de répondre, en partie, à ces interrogations du PALIKA mais, là non plus, ce n'est pas gagné parce que le nouveau locataire de Matignon a déjà prévenu qu'il avait un Himalaya de difficultés. Et on ne sait pas encore à quelle altitude il situe le dossier calédonien.

L'Etat, dont on attend la position concernant l'avenir institutionnel mais aussi – et surtout – concernant les aides financières. A priori, les 27 milliards, qu'il a accordés récemment à la Nouvelle-Calédonie, vont permettre de boucler, sans trop d'encombres, l'année 2024. Après avoir vitupéré et s'en être pris avec une rare violence à l'Etat et au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les élus du congrès ont en effet voté, comme un seul homme, la décision modificative n°6. 
Mais nous n'avons aucune garantie pour l'année 2025 tant que la loi de finances n'aura pas été adoptée. 
Et on craint le pire dans l'ambiance qui prévaut entre le congrès et le gouvernement. C'est désormais la guerre ouverte et le premier conteste de façon virulente tout ce que le second négocie avec l'Etat. Jamais une telle défiance ne s'était ainsi étalée au grand jour, entre le Congrès et le gouvernement, qui en est l'émanation, au point que le président du gouvernement, Louis MAPOU, lassé d'être la cible de toutes les attaques, a mis au défi les élus du congrès de voter la censure. 

L'Etat, non plus, n'a pas été ménagé dans l'hémicycle du boulevard Vauban où on l'accuse, à la fois, de n'avoir pas su protéger la Calédonie et de vouloir l'étrangler. Comme si les élus du congrès n'avaient pas compris que l'insurrection que nous avons vécue était inédite et que l'autonomie a un prix. Mais le congrès et le gouvernement vont devoir cohabiter quelques mois encore à moins d'une chute inconsidérée de l'exécutif. Les provinciales sont prévues fin novembre 2025. 

Autant dire que l'apaisement, ce n'est pas gagné !

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