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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 16 06 25

Elizabeth Nouar
15 juin 2025 à 22:59
Emprisonné, le leader de la CCAT était une icône, un symbole, voire un martyr. Libre, il devient encombrant pour les leaders du FLNKS...

La pensée complexe d'Emmanuel Macron a encore frappé. Depuis que le Président de la République a prononcé quelques phrases sur la Nouvelle-Calédonie, lors du sommet France/Pacifique, à Nice, chacun se livre à l'exégèse des propos du Chef de l'Etat.

On en retient qu'il veut réunir un sommet sur le dossier calédonien. Un sommet ce n'est pas rien. C'est bien au-dessus du comité de suivi dont avait parlé Manuel Valls.

Le Président de la République veut, aussi, un projet nouveau et là encore on se perd en conjectures. Nouveau par rapport à quoi ? Par rapport à l'Accord de Nouméa ou par rapport au projet d'indépendance association du ministre des outremers ? 

Mais ce sont les propos d'Emmanuel Macron sur les référendums qui soulèvent le plus d'interrogations. Il rappelle d'abord que trois référendums "ont permis une expression de maintien dans la République française". C'est donc, incontestablement, une validation du résultat des trois consultations qui ont acté la volonté des calédoniens de rester français. C'est d'ailleurs conforme à l'expression constante du chef de l'Etat sur le sujet, et c'est plutôt rassurant.

Mais ce qui interpelle, c'est la digression à laquelle il se livre, ensuite, sur la nature même des référendums quand il déclare que "ni la culture pacifique, ni la culture océanienne ou mélanésienne ne sont totalement faites pour les référendums". Et qu'il ajoute que "Ce sont des cultures de concertation où la circularité est plus adaptée qu'un caractère tranché du oui ou non". C'est une reconnaissance de l'exigence du compromis, lié à l'esprit de consensus, que revendiquent les sociétés océaniennes mais c'est aussi une révision de la sortie de l'Accord de Nouméa à laquelle se livre le Président de la République. 

"Nous avons hérité de ce processus" qui prévoyait les trois référendums, regrette Emmanuel Macron, "on ne refera pas les mêmes erreurs pour la suite". C'est clairement un rejet des référendums binaires qui nous ont été imposés à trois reprises et c'est aussi l'assurance qu'il ne veut plus soumettre les calédoniens à un tel exercice.

Et l'on a envie de dire : enfin ! Parce que cela fait des années que certains s'évertuent à expliquer que les référendums binaires ce n'est pas la solution.
Et on ne peut pas, ne pas citer Pierre Frogier qui, très tôt, a mis en garde contre "ces référendums à répétition qui enferment notre avenir dans des logiques identitaires, qui exacerbent les tensions et qui obèrent notre avenir." Et qui n'a cessé de répéter, années après années, que "le processus fragile des accords risquait de se fracasser sur des referendums qui, dans leur brutalité majoritaire, n'apporteraient aucune solution d’avenir." 
Le message a peut-être fini par être entendu au plus haut sommet de l'Etat. 
Mais, un peu tard !

La libération de Christian Tein arrive, elle, un peu tôt, et sans doute pas au bon moment. Le leader de la CCAT reste, bien sûr, mis en examen pour son implication présumée dans les violences insurrectionnelles de mai 2024. Il est sous contrôle judiciaire et il a interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie, mais fallait-il le remettre en liberté en pleine séquence de discussions sur l'avenir ? Le FLNKS ne pourra pas faire autrement que de réclamer sa présence aux négociations, et les Partisans de la France ne pourront que s'y opposer, ce qui va rendre problématique la poursuite des discussions.  
Mais même s'ils s'en réjouissent publiquement, les indépendantistes sont-ils vraiment soulagés de cette remise en liberté ? Emprisonné, le leader de la CCAT était une icône, un symbole, voire un martyr. Libre, il devient encombrant pour les leaders du FLNKS qui ne l'ont nommé à la présidence que, justement, parce qu'il était incarcéré et qui vont maintenant devoir le gérer en liberté et suivre ses directives. 
Et si la libération de Christian Tein était, aussi, un cadeau empoisonné pour les indépendantistes ?

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