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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 10 02 25

Elizabeth Nouar
10 février 2025 à 00:40
Si Manuel Valls y arrive c'est qu'il a des pouvoirs surnaturels, c’est-à-dire non pas humains mais... surhumains.

En affirmant le soutien de l'Etat "aux territoires touchés par des phénomènes naturels, comme à Mayotte, ou par des phénomènes surnaturels, c’est-à-dire humains, comme en Nouvelle-Calédonie", le ministre des outremers a surpris son auditoire, tant personne n'avait, jusqu'à présent, pensé à qualifier de "surnaturelles", les violences insurrectionnelles. 
Mais au-delà de la formule, Manuel Valls a prouvé, dans son intervention devant le forum économique, qu'il a pleinement pris conscience de la situation. "La Nouvelle-Calédonie est à terre, son économie est dévastée" a répété le ministre d'Etat qui affirme aussi qu'"il ne peut pas y avoir de relèvement économique sans un compromis politique, tout comme il ne peut pas y avoir de solution politique durable sans relèvement économique."
Au terme d'une semaine de discussions bilatérales avec les délégations calédoniennes, il est donc convaincu que les deux sujets sont liés, comme ils l'ont été dans les accords précédents, qui se sont accompagnés d'accord sur le nickel et sur le rééquilibrage.

Mais si les représentants de l'Etat ont apporté des garanties sur les aides économiques et sur la volonté de Paris d'aider à la relance et à la reconstruction – sous réserve bien sûr, d'un engagement de la Calédonie à se réformer – la recherche du compromis et de la solution politique durable semble plus aléatoire. 
Les échanges, que Manuel Valls a eus avec les six délégations politiques calédoniennes, ont été entourés de la plus grande discrétion. Pour l'instant, rien n'est sorti, sur une quelconque avancée, dans les déclarations faites, à l'issue de ces entretiens, et les deux délégations indépendantistes se sont même quasiment dispensées de communiquer. On a bien compris que ces premiers entretiens sont, en quelque sorte, un tour de chauffe et d'ailleurs Manuel Valls a souhaité rencontrer chacune des délégations une seconde fois, après un premier tour des positions des uns et des autres.

Ces premières rencontrent visaient à clarifier les positions de chacun, à lever les malentendus et à approfondir la compréhension des projets d'avenir portés par chaque groupe. Et on ne sait pas si, à l'issue de ces premiers entretiens, le ministre des outremers est rassuré. "Seul le dialogue permettra de reconstruire un projet commun et partagé", a-t-il martelé à l'Assemblée nationale et il doit avoir constaté à quel point les conditions du dialogue sont, aujourd'hui, loin d'être réunies. 

Dans cette même intervention, où il répondait au député Emmanuel Tjibaou qui s'en était pris violemment au projet de fédéralisme interne défendu par les partisans de la France, Manuel Valls a parlé "d'une Nouvelle-Calédonie meurtrie où le sang a de nouveau coulé et où les fractures sont profondes et paraissent même irréductibles." 
Il semble donc avoir pris la mesure des divergences qui existent entre les groupes politiques. Les partisans de la France ne se font d'ailleurs guère d'illusions quand ils constatent avoir, face à eux, "des gens qui ne veulent pas d'accord". 
"J'ai le sentiment d'un terrible retour en arrière" avouait le ministre des outremers, rejoignant ainsi le sentiment de nombreux calédoniens. 
Mais il veut y croire et il affirme que les accords de Matignon et de Nouméa sont le socle des discussions et qu'ils sont son ADN. Il appelle aussi ses interlocuteurs à être "inventifs, ambitieux, courageux pour bâtir un compromis et sortir des positions radicales."
C'est sans doute ce qu'il répètera à Nouméa, lors de sa visite annoncée pour les prochains jours ou les prochaines semaines. 
Son objectif, c'est bien de rechercher un projet commun pour la Nouvelle-Calédonie. Et on a envie de dire que s'il y arrive c'est qu'il a des pouvoirs surnaturels, c’est-à-dire non pas humains mais... surhumains  

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