
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 02 juin 2025
Il faut éviter d'être péremptoire quand on parle de la Nouvelle-Calédonie et ils sont deux, cette semaine, à l'avoir appris à leurs dépens. Le premier c'est Manuel Valls qui déclare "Le dossier calédonien, c'est moi. Il n'y en a pas d'autre" avant que deux jours plus tard, l'Elysée n'annonce une reprise en main du dossier par le Président de la République. Alors c'est à qui le dossier calédonien ?
La seconde, c'est Marine Le Pen, quand elle est interrogée sur la possibilité d’être accompagnée de Jordan Bardella, lors des discussions sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie auxquelles elle veut demander au Président de la République de participer.
"Je ne suis pas sûre, déclare-t-elle, que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie." Mais la chef de file des députés RN connait-elle si bien la Nouvelle-Calédonie ? On est en droit de s'interroger après qu'elle ait été huée et chahutée, au Mont Dore et à Nouméa.
Mais qu'est-ce qui a pris à Marine Le Pen et pourquoi a-t-elle changé, à ce point son discours sur la Nouvelle-Calédonie au point de se rendre inaudible, même auprès de ses supporters qui sont nombreux à s'être sentis trahis ?
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale s'est posée en donneuse de leçons et elle est venue avec sa méthode qu'elle voulait imposer, en fustigeant tout ce qui a été fait jusqu'à présent.
Il faut, selon elle, une pause institutionnelle pour se consacrer à la relance économique, et au terme de ce moratoire de 30 à 40 ans, elle propose l'organisation d'une 4ème référendum.
Mais cette méthode n'est ni originale, ni pertinente. Elle n'est pas originale parce que l'Accord de Nouméa – auquel elle a toujours été opposée – a justement privilégié le développement et le rééquilibrage.
Et elle n'est pas pertinente parce que la dernière chose à faire, après la succession de 3 référendums qui ont dit non à l'indépendance, c'est d'en proposer un 4ème.
D'autant plus que Marine Le Pen considère comme nulles et non avenues les trois consultations d'autodétermination. Pour elle, il fallait être naïf ou faire preuve d'absence de lucidité pour penser que ces 3 référendums pouvaient régler quoi que ce soit. Une étrange conception de la souveraineté populaire, pour une candidate à l'élection présidentielle.
Mais surtout, Marine Le Pen ne semble pas avoir réalisé qu'elle arrivait dans un territoire encore traumatisé par la violente insurrection qu'il a vécue il y a un an.
Non seulement elle n'a pas fait preuve de compassion à l'égard des calédoniens mais en plus, elle a renvoyé, dos à dos, ceux qu'elle appelle "les radicalisés des deux bords". Comme si elle ne faisait pas de différence entre ceux qui défendent le respect des trois référendums et ceux qui ont choisi la violence et la destruction.
C'est sans doute cela, sa faute originelle, une faute à la fois morale et politique.
A force de vouloir se dédiaboliser en vue de la présidentielle, elle se veut la porte-parole de ceux qu'elle appelle les modérés, et tout en affirmant être pour une Calédonie française, elle prône désormais une voie médiane.
A l'inverse, François-Xavier Bellamy, a incontestablement marqué des points lors de sa visite qui se déroulait en même temps que celle de Marine Le Pen et le contraste entre eux deux est flagrant. Le vice-président des LR a tenu des propos clairs et sans ambiguïté dans sa défense d'une Calédonie dans la France : "Jamais, dit-il, la violence ne doit avoir raison contre la volonté populaire, exprimée ici par trois référendums. La Nouvelle-Calédonie est française, et le restera."
Comme quoi, en paraphrasant le général De Gaulle quand il parlait de l'Orient, on a envie de conseiller à ceux qui viennent se pencher à notre chevet de "voler vers la Nouvelle-Calédonie compliquée avec des idées simples."