
La chronique de la semaine écoulée
9 novembre 2020 à 00:36Préalable minier. On y est !
L'expression, qui était dans tous les esprits depuis plusieurs mois, a été lâchée officiellement par Daniel Goa en ouverture du congrès de l'Union calédonienne. "Si l’ICAN appelle à un préalable minier à toute nouvelle discussion politique, je dis que nous devons répondre présent" a déclaré le président de l'UC qui vient d'être réélu.Une déclaration qui pourrait paraître déplacée dans la bouche de l'un des dix participants à la rencontre de Leprédour où les fils du dialogue étaient censés avoir été renoués.
Mais c'est aussi la démonstration des forces qui sont à l'œuvre derrière la proposition Sofinor/Korea Zinc de reprise de l'usine du Sud.
Ce n'est pas un hasard si cette proposition a fait irruption pendant la campagne référendaire et si elle a immédiatement été relayée, à la fois par la fameuse Instance Coutumière Autochtone de Négociation et par le FLNKS.
Une offre de reprise qui n'a pas été retenue par le groupe Vale mais que ses promoteurs s'obstinent à vouloir imposer, par la force si besoin, comme l'ont prouvé les manifestations de rues et les blocages de vendredi.
Et si certains ont pu faire semblant de croire, un moment, que ces revendications étaient animées par des considérations de sauvegarde de la ressource ou de respect de l'environnement, ces arguments ne tiennent plus depuis la présentation, jeudi, de l'offre de reprise par un consortium calédonien et international.
La solution présentée par Antonin Beurrier, le PDG de Vale NC, coche en effet toutes les cases.
Personne ne pourrait dénier le titre d'"usine-Pays" à Prony Resources New Calédonia dont le capital serait détenu à 50% par des intérêts calédoniens avec, en outre, une participation salariale et un actionnariat populaire, ce qui serait véritablement une première en Nouvelle-Calédonie.
Quant à la défense de l'environnement sur laquelle sont arcboutés les coutumiers, la nouvelle entité – si elle voit le jour – apporte des assurances inédites en la matière.
Les garanties environnementales seraient maintenues avec un doublement de l'investissement, une assurance privée pour les risques industriels, la relance du projet Lucy et la transformation du mix énergique.
Bref, les arguments pour s'opposer à cette offre de rachat sont tombés les uns après les autres et il ne reste plus que les arguments dogmatiques et doctrinaux, ceux de la fameuses doctrine nickel qui sévit dans le Nord et que les indépendantistes veulent étendre au Sud.
La ligne rouge est donc franchie et les masques sont tombés avec cet aveu d'un possible préalable minier. Ce que veulent le FLNKS et les coutumiers, ce n'est pas une "usine pays" respectueuse de l'environnement.
Ce qu'ils veulent, ce sont les fabuleux massifs de Prony et de Goro.
Sans vergogne, ils nous refont le coup de 1996 quand le FLNKS a posé comme préalable à la reprise des discussions sur l'avenir, l'accès au massif du Koniambo.
Cela avait provoqué la suspension des négociations pendant près de deux ans !
Mais la situation d'aujourd'hui est tout de même différente. A l'époque, les indépendantistes voulaient l'accès à la ressource pour la construction d'une usine en Province nord. Cette fois-ci, l'usine du Sud existe et il s'agit de la sauver avec ses quelques 3000 emplois. En outre, il ne s'agit pas d'un échange de massifs et l'interlocuteur de la transaction n'est pas l'Etat mais un groupe privé, en l'occurrence le groupe Vale.
Et tout cela change considérablement la donne. A tel point que l'on peut espérer que l'histoire ne repasse pas deux fois les mêmes plats.