La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

22 juin 2020 à 00:58
Éloge du NON et refus du sens de l'histoire

Savoir dire NON, ce n'est ni facile, ni par définition, très positif.

Le OUI est plus porteur, plus aimable, plus constructif.

Il ouvre des perspectives et permet des avancées, là où le NON ferme des portes et traduit un refus.


C'est la raison pour laquelle il y a eu une telle bataille, une telle discussion autour de la question qui devait être posée au référendum sur la sortie de l'Accord de Nouméa. Question qui sera la même aux trois référendums. Question qui restera inchangée.

Il a fallu des heures de négociations pour arriver à une formulation alambiquée : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?"

Une question qui ne satisfait personne mais qui est issue d'un compromis.

Elle ne satisfait pas les indépendantistes parce que – pour d'obscures raisons qui n'ont toujours pas été éclaircies – ils ne voulaient pas que le mot "indépendance" figure dans la question. Ils ne voulaient que le terme de "souveraineté".

Mais la question ne satisfait pas non plus les partisans du maintien de la Calédonie dans la France qui voulaient quelque chose de plus clair et de plus net.

Pour eux, il fallait demander aux calédoniens s'ils étaient "Pour la France ?" ou "Pour l'indépendance ?". Une formulation rejetée parce que, dans un référendum, il faut répondre par OUI ou par NON.


Et les partisans du maintien dans la France ont regretté, également, que la question, finalement retenue, les engagent à dire NON.

Parce que NON, ce n'est pas positif.

Parce que NON ça traduit une opposition.

Parce que NON c'est être contre l'indépendance, c'est être anti-indépendantiste, au lieu d'être pour une Calédonie dans la France.


Mais par un clin d'œil de l'histoire, le 80ème anniversaire de l'appel du 18 juin vient, fort opportunément, réhabiliter le NON, à quelques encablures du deuxième référendum.

Ce jour-là, on a rendu hommage à l'homme qui a su dire NON.

Non à la défaite, non au désespoir, non à la disparition de la France.

Un non combatif qui affirme une volonté et pas un renoncement.


Réunis au pied de la Croix de Lorraine, à Nouméa, le sénateur Pierre Frogier, la présidente de l'assemblée de la Province Sud, Sonia Backès, et le maire de Nouméa, Sonia Lagarde, ont décliné ce NON fondé sur la raison.

Et on peut penser qu'ils ne l'ont pas fait sans arrière-pensée.

Comme on a pu voir un message, un peu subliminal, dans les propos du sénateur qui a tiré les leçons de ce 18 juin en affirmant que "Rien n'est joué, jamais ! Il n'y a pas de sens imposé à l'histoire humaine".


Un éloge du NON et un refus du sens de l'histoire qui jettent peut-être les bases de la campagne référendaire, chez les partisans du maintien dans la France, pour un référendum dont on ignore encore la date aujourd'hui.


Mais il reste plusieurs semaines, à chacun des camps, pour convaincre d'un oui ou d'un non.

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