Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

11 mai 2020 à 11:57

Si la France n'avait pas été là, on aurait fait quoi ?

Le dé-confinement a libéré la parole politique et chacun y va, déjà, de son commentaire d'après-crise.
Et pourtant, il faut encore retenir son souffle jusqu'au 14 juin, date d'expiration de la nouvelle étape de six semaines, fixée par les autorités.
Mais cela n'empêche pas la Nouvelle-Calédonie de s'adapter à ce "nouveau normal" qui ressemble beaucoup à l'ancien. Hormis l'obligation, encore très aléatoire, du port du masque dans les transports en commun, et les réflexes de distanciation sociale, les calédoniens ont pratiquement retrouvé leur vie d'avant.
Et, tout aussi naturellement, leurs débats et leurs polémiques d'avant.
Calédonie ensemble a tout de suite retrouvé ses réflexes. Elle est désormais dans l'opposition et elle s'oppose ! A tout !
Aussi bien à la gestion de la crise sanitaire qu'au dispositif de lutte contre la surconsommation d'alcool mis en place par la Province Sud, ou aux réponses à apporter à la crise économique.
Une façon de faire comprendre que les considérations politiques sont de retour même si les échéances ne s'y prêtent pas forcément.
Le second tour des élections municipales aura lieu en juin, mais le parti de Philippe Gomès n'y fera que de la figuration puisqu'il a été éliminé dans la plupart des communes.
Quant au référendum, même si elle ne fait pas parti du Front loyaliste, Calédonie ensemble n'a pas le droit de se tromper de camp.
Une opposition, pour le plaisir de s'opposer donc.

A l'Union calédonienne, c'est plus complexe et c'est, le plus souvent, le représentant de l'Etat qui est ciblé.
Par le secrétaire général, Pierre-Chanel Tutugoro qui l'accuse d'empiéter sur les plates-bandes de la Nouvelle-Calédonie ou par le président, Daniel Goa, qui déclare que toute tentative du haut-commissaire pour s’opposer à une décision de la Calédonie, dans le domaine sanitaire provoquerait une crise politique majeure et obligerait à demander son rapatriement.
On sent, là, la proximité du référendum et, comme la crise sanitaire a quelque peu perturbé la campagne, les indépendantistes font ce qu'ils peuvent pour se faire entendre au-delà du consensus imposé pour faire face au coronavirus.
D'autant plus qu'ils devront désormais prendre en compte le Sénat coutumier qui semble décidé à jouer un rôle, à côté, et en dehors des partis politiques.

Un terrain quelque peu miné donc alors qu'après la crise sanitaire, il va falloir s'attaquer à la crise économique qui nécessiterait la même unité que celle qui s'est manifestée pour faire face au Covid-19.

Mais il ne faut pas rêver et si chacun appelle à un nouveau modèle économique, on peut penser que les remèdes proposés seront très différents et provoqueront de vrais débats et de vrais antagonismes.

Le gouvernement invoque une économie responsable, solidaire et agile. Générations NC parle de travail flexible, numérique et innovant. Au-delà des mots, il faudra faire des choix entre la relance de la consommation, dans un territoire condamné à l'autarcie pour plusieurs semaines voire plusieurs mois, et les investissements publics de la part de collectivités calédoniennes qui sont déjà largement asphyxiées.

Même Roch Wamytan en a convenu lors d'un récent débat télévisé. Emporté par son élan et sidéré par la perspective de la catastrophe à laquelle nous aurions pu être confrontés, il a lâché "Et si la France n'était pas là, on aurait fait quoi ?"

Et c'est bien la vraie question !

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