
La chronique de la semaine écoulée
27 avril 2020 à 01:03Allons-nous ajouter une crise politique, à la crise sanitaire et à la crise économique ?
C'est une éventualité qu'il ne faut pas écarter alors que les communiqués et les prises de position se multiplient, ces derniers jours, autour des questions délicates du confinement adapté, des rapatriements et des relèves du personnel d'Etat.
On peut d'ailleurs penser que c'est la situation exceptionnellement préservée de la Nouvelle-Calédonie qui suscite ces débordements.
Si la crise sanitaire avait été vraiment critique, les uns et les autres, se seraient sans doute montrés plus prudents, plus discrets, plus circonspects mais l'absence présumée de circulation du virus et l'assouplissement du confinement laissent la place à l'irresponsabilité.
Le premier à avoir dégainé, c'est Philippe Germain qui s'est exonéré, le premier, de la collégialité en s'exprimant, en son nom personnel, pour demander solennellement au gouvernement de surseoir, en urgence, à la politique active de rapatriement.
Il a été suivi, de peu, par son mentor, Philippe Gomès, avec lequel il aurait pourtant, selon certain, pris ses distances. Le député a ainsi taclé sans ménagement, sur sa page Facebook, "un dé-confinement à la hussarde" qu'il juge inapproprié.
Mais c'était sans compter sur le président du Sénat coutumier qui est allé plus loin encore pour exprimer sa vive inquiétude après les décisions du gouvernement et de l'Etat et qui constate une mauvaise prise en compte des interrogations et des propositions du monde coutumier océanien.
Et il réclame, notamment – comme si c'était un dû – la communication de la liste des personnes rapatriées avant de faire connaitre son opposition à la relève des personnels de l'Etat prévue – selon lui – ce 26 avril.
Les coutumiers qui se sentent pousser des ailes depuis le début de la pandémie et face à l'anxiété qu'elle suscite chez leur population. Eux qui sont restés si discrets, ces dernières années, sur tous les sujets de société : alcool, drogue, violence… sur lesquels on les attendait, les voilà qui imposent leur pouvoir et leurs diktats bien au-delà de la compétence qui est censée être la leur.
Mais leurs prises de position ont fait école !
Les membres indépendantistes du gouvernement ne pouvaient être en reste face à cette surenchère coutumière et ils ont exprimé à leur tour leur opposition à cette relève militaire.
Inconscience et inconséquence alors qu'ils ont été associés à toutes les décisions prises depuis le début de cette crise sanitaire et qu'ils savent parfaitement que ces relèves sont indispensables à la bonne marche de la Calédonie et que tous les protocoles de rapatriement s'appliqueront, strictement, à tous ceux qui arriveront sur le territoire.
Clairement, plus que des considérations sanitaires, ce sont des enjeux politiques et de pouvoir qui les animent à quelques mois du référendum.
Et on sourit à les voir, les uns et les autres, s'ériger en grands spécialistes de la santé publique, et en experts de crise sanitaire.
Bien sûr la période s'y prête et nous sommes tous devenus incollables sur le coronavirus, ses symptômes, ses modes de transmissions, et sur les mesures de protection, d'isolement et dé-confinement.
Mais même les spécialistes y perdent leur latin comme le résume ce pastiche que je ne résiste pas à l'envie de vous citer : "Pour pas se contaminer, il faut se confiner. Mais pour se dé-confiner, faut être immunisés, pour être immunisés, faut se faire contaminer, pour se faire contaminer il faut se dé-confiner. CQFD."