LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ECOULEE : 26/04/22
25 avril 2022 à 20:04
Les calédoniens ne peuvent pas se contenter de l'immobilisme et de l'inaction. Ils ne pourront pas supporter que l'impasse institutionnelle dure cinq ans de plus.
"Et un et deux et cinq ans de plus !" Le slogan a été crié avec ferveur et enthousiasme dimanche soir par les supporters d'Emmanuel Macron, rassemblés sur le Champ de Mars.
"Et un et deux et cinq ans de plus !" L'expression est reprise avec lassitude et fatalisme par tous les opposants du président réélu.
5 ans de plus, mais pour quoi faire ?
C'est la grande question qui se pose au début de ce nouveau quinquennat qui semble placé sous le signe de la modestie et de la gravité.
Certes, Emmanuel Macron a fait ce que personne n'avait fait avant lui !
Il est le premier à être élu pour un second mandat, sans passer par une période de cohabitation. Une performance saluée par tous les observateurs.
Mais ce triomphe – pour remarquable qu'il soit – est terni et fragilisé.
Et d'abord, il n'y aura pas d'état de grâce au lendemain de ce nouveau sacre. C'est immédiatement que le chef de l'Etat, qui se succède à lui-même, va devoir s'attacher à rassembler, à convaincre et à réconcilier.
Parce que c'est une France fracturée qu'il va devoir gouverner pour 5 ans encore.
Lui qui voulait, en 2017, ré-enchanter la politique se retrouve à la tête d'un pays émietté dans lequel se bousculent les revendications communautaires.
Lui qui voulait, en 2017, détruire le clivage droite/gauche, doit composer avec deux extrêmes qui se sont renforcés autour d'un pôle centriste ou central qu'il tente de créer sur les ruines des vieux partis de gouvernement.
Et s'il a remporté cette élection, ce n'est pas sur la base d'une adhésion majoritaire ou populaire. Près de six français sur dix ont voté, au premier tour, pour des candidats populistes, nationalistes ou protestataires.
Sa légitimité n'est pas remise en cause mais la tâche est immense et il ne pourra résoudre tous les problèmes en jonglant entre le "en même temps" et le "quoi qu'il en coûte". Même ces artifices ont leur limite.
Et la Nouvelle-Calédonie dans tout ça ?
Bons princes, les calédoniens ont adhéré aux discours qui leur conseillaient la reconnaissance envers celui qui avait maintenu la date du 3ème référendum. Une décision à laquelle s'ajoutait, il est vrai, l'aide de l'Etat pour faire face à la crise sanitaire et à la crise économique.
Mais sans vouloir noircir le tableau, le quinquennat d'Emmanuel Macron ne peut se réduire à cela, pour la Calédonie. C'est aussi la rédaction controversée de la question posée aux référendum.
C'est aussi l'inscription automatique pour les seules personnes issues du droit coutumier.
C'est aussi et surtout, une application à la lettre de l'Accord de Nouméa qui laisse la Calédonie sans aucune perspective d'avenir. Un Accord dont on ne voit pas le bout et que ce quinquennat aura encore rallongé d'une période de transition de 18 mois.
Par gratitude, par légitimisme, par opportunisme ou par souci de la continuité, les calédoniens ont donné à Emmanuel Macron une majorité de plus de 61%, même si le taux de participation relativise ce résultat.
Ils sont maintenant en droit d'attendre des actions concrètes qui permettent enfin de dessiner leur avenir.
Ils ne peuvent pas se contenter de l'immobilisme et de l'inaction et ils ne pourront pas supporter que cette impasse institutionnelle dure cinq ans de plus.