
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée
Ils ont tué le FLNKS !
La folie destructrice, les oukases, la démesure, la provocation permanente, les menaces sous-jacentes et le refus borné du dialogue, de la part de l'UC-CCAT, auront eu raison de la coalition indépendantiste qui, bon an mal an, avait réussi à survivre pendant quatre décennies.
Depuis 1984, le FLNKS s'était imposé comme un partenaire majeur de la vie politique. Depuis plus de 40 ans, il était l'interlocuteur incontournable du dossier calédonien sur les scènes politiques, nationales et internationales.
Le coup d'Etat de l'UC-CCAT, qui a imposé Christian Tein comme président, aura mis fin à cette suprématie d'une coalition que l'on croyait insubmersible.
Parce que ces 41 ans n'auront pas été un long fleuve tranquille. Les divisions ont toujours été très vives entre les composantes du FLNKS et, notamment, entre l'Union calédonienne et le PALIKA. L'UC a toujours revendiqué son ancienneté, sa légitimité et ses morts, face à aux responsables d'un Parti de Libération Kanak qualifiés de brasseurs d'air et d'opportunistes.
Mais malgré les crises, les drames, les divergences, les dissidences, l'attelage aura tenu jusqu'à ce que l'UC-CCAT lui porte le coup de grâce.
Les violences de mai 2024 et le refus de toute négociation de la part des dirigeants du nouveau front, ont amené le PALIKA à choisir, d'abord le retrait puis le départ définitif du FLNKS. Et l'UPM, qui réunissait son congrès ce week-end, devrait selon toute vraisemblance choisir la même rupture.
Incontestablement, ce divorce va affaiblir le camp indépendantiste mais il ne faut pas, pour autant, que les partisans de la France fassent dans l'angélisme ou la naïveté.
Le PALIKA reste un parti indépendantiste et marxiste qui a seulement choisi une autre voie que celle de l'UC-CCAT, pour arriver à la pleine souveraineté. Et d'ailleurs, il ne s'en cache pas ! Toutes ces dernières années, il a joué la carte de l'ouverture aux autres communautés, pour faire miroiter une indépendance dans laquelle chacun aurait sa place. Et s'il est devenu, depuis quelques mois, l'interlocuteur des partisans de la France et le bon élève de Bougival, il joue déjà de son statut privilégié pour réclamer une amélioration de l'accord signé le 12 juillet. Une amélioration qui, en réintroduisant la logique d'un acte d'autodétermination, reviendrait à bousculer les fragiles équilibres qui ont été trouvés. La prudence s'impose donc dans la nouvelle donne créée par la mise à l'écart du nouveau FLNKS qui n'a plus de FLNKS que l'étiquette.
Et la nouvelle ministre des outremer a sa part dans cette marginalisation tant elle ne l'aura pas ménagé ! Cela fait longtemps que l'on n'avait pas entendu un représentant de l'Etat être aussi sévère à l'égard du FLNKS. Naïma Moutchou a en effet dressé un diagnostic sans concessions. "Le FLNKS, dit-elle, veut rester en dehors de l'accord de Bougival. Le mot même de Bougival crispe la délégation que j'ai reçue." Et dans ces conditions, explique-t-elle, il y a une forme d'impasse au sein du FLNKS, mais c'est une impasse que je ne peux pas accepter parce que la Calédonie ne peut pas rester immobile." Et la ministre de conclure : "On ne peut pas perdre de temps. Et donc, le blocage de l'un ne doit pas bloquer l'ensemble."
Le message est clair. Puisque le FLNKS ne veut pas faire avec les autres, on va faire sans le FLNKS.
Et c'est le second coup de massue pour l'UC-CCAT, après le départ du PALIKA.
Pour concrétiser cette volonté de faire sans le nouveau FLNKS, la ministre annonce la décision prise avec l'ensemble des délégations politiques qui soutiennent Bougival : la tenue d'une consultation citoyenne anticipée. En clair, on inverse le calendrier. La consultation des calédoniens se déroulera en février, comme prévu, mais elle se déroulera avant le Congrès de Versailles qui devait adopter la loi constitutionnelle. Ce sont les calédoniens qui diront oui ou non à Bougival, avant les parlementaires. Et on peut penser que le résultat de cette consultation citoyenne influera sur le vote des députés et des sénateurs.
Reste que cette consultation risque de se dérouler sans le nouveau FLNKS mais c'est inéluctable.
Ils ont tué le FLNKS !


