Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

15 avril 2024 à 01:05

La volonté de construire une communauté de destin s'est fracassée sur les trois référendums, avec, en toile de fond, la question existentielle de la légitimité.

15% de la population calédonienne dans la rue samedi matin.
Les partisans du dégel du corps électoral et du vivre ensemble d'un côté, les partisans du gel et donc, forcément, de l'exclusion de l'autre.
Une bipolarisation de la société calédonienne, que l'on connait depuis plus de 40 ans et qui s'est accrue ces dernières années, quand la volonté de construire une communauté de destin s'est fracassée sur les trois référendums, avec, en toile de fond, la question existentielle de la légitimité.

"On est chez nous" proclamaient les deux manifestations mais tandis que, Baie de la Moselle, on défendait une société inclusive, sur la place des cocotiers, on contestait que les autres soient chez eux. Une distinction essentielle qui rend improbable un consensus sur la question du corps électoral et qui, au stade actuel, éloigne la perspective d'un accord global.
Il faut prendre les choses dans l'ordre et quand le corps électoral aura été dégelé – ce qui est une exigence juridique et politique – il faudra rechercher les espaces de dialogue. Mais c'est de la responsabilité de l'Etat qui a gelé unilatéralement le corps électoral et à qui il revient aujourd'hui, de le dégeler.
Les calédoniens eux, ne peuvent qu'exprimer leur volonté et leurs convictions et ils l'ont fait par trois fois par référendum. Et c'est parce que le message qu'ils ont transmis n'est pas pris en compte, qu'ils sont contraints de descendre dans la rue.

C'est ce qu'ils ont fait ce samedi. Majorité et minorité, chacun est venu avec ses drapeaux et ses slogans. Il faut dire que l'ampleur de ces marées colorées étaient impressionnantes.
Impressionnant aussi le calme qui a prévalu. Des milliers de calédoniens ont battu le pavé sans qu'aucun incident ne viennent émailler ces manifestations mis à part quelques cas d'ivresse publique et de caillassages en marge de la mobilisation indépendantiste.

Les autorités publiques ont fait le job avec un dispositif efficace qui a permis de tenir à distance les deux manifestations et de dissuader toute interférence et tout débordement.
Des autorités publiques qui devraient, d'ailleurs, s'en tenir au maintien de l'ordre et ne pas se mêler de compter les manifestants parce que là, franchement, il y a à redire.
Dans un souhait – louable sans doute – de ménager tout le monde, le haut-commissariat nous a sorti le chiffre improbable de 40 000 personnes au total, soit 20 000 de part et d'autre.
Une égalité parfaite comptabilisée entre les deux manifestations, pour attester sans doute de la parfaite neutralité de l'Etat au moment où certains mettent en cause son impartialité quand d'autres regretteront la persistance de l'équidistance.
Mais, pour quiconque connait la jauge des rues et places de Nouméa, il n'y avait pas photo !
Certes les indépendantistes ont su mobiliser et, au fil de la journée, ils ont rempli la place des cocotiers mais, pour le coup, ce sont les Partisans de la France qui ont réussi leur démonstration de force avec un cortège tricolore qui partait de la baie de la Moselle pour occuper les deux côtés de l'avenue de la Victoire. Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu une telle mobilisation des non-indépendantistes et ce n'est pas à négliger.
D'autant plus que certains, dans leur propre camp, les avaient dissuadés de venir en évoquant le danger voire l'inutilité de tels rassemblements.

Bien sûr, on nous dira que cette querelle des chiffres est vaine et qu'il est difficile de savoir si ces manifestations auront une influence sur les parlementaires confrontés à la nécessité du dégel du corps électoral, mais on imagine l'impact qu'aurait eu une forte mobilisation indépendantiste si elle n'avait pas eu, face à une elle, une mobilisation massive des partisans de la France.

Encore une fois, les absents ont eu tort mais, c'est bien connu, ils ont toujours tort.

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