Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

18 mars 2024 à 00:44

Et si on y allait à marche forcée ?

Vous y allez à marche forcée !
Le reproche des députés de la France Insoumise, lors de la réunion de la commission des lois de l'Assemblée nationale, a failli faire s'étrangler Gérald Darmanin.
A marche forcée…
Le ministre de l'intérieur et des outremers qui défendait le projet de loi organique sur le report des élections provinciales a alors rappelé, patiemment, que le 3ème référendum avait eu lieu il y a bientôt deux ans et demi et que, depuis, il y avait eu de multiples tentatives de discussions et que lui-même été venu à six reprises en Nouvelle-Calédonie. Il a aussi soulevé le paradoxe qu'il y a, à lui reprocher une accélération, alors que, précisément, il propose un report du scrutin provincial.
Et le ministre a aussi déclaré que si on avait voulu accélérer le processus, on aurait dégelé immédiatement le corps électoral après le 3ème référendum du 12 décembre 2021.
Alors, non, on ne peut pas reprocher à l'Etat d'y aller à marche forcée concernant l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. C'est même le reproche inverse qui peut lui être fait et on commence à sentir cette impatience sourdre dans une population qui a répété, à trois reprises, sa volonté de rester française et qui a le sentiment de ne pas avoir été entendue.
Près de trois ans après, non seulement le corps électoral n'a pas été dégelé, mais en plus, les modalités mêmes d'ouverture du corps électoral ne satisfont pas les calédoniens Partisans de la France qui se voient contraints d'accepter de nouvelles concessions. Dix ans de présence pour pouvoir voter ! Gérald Darmanin, lui-même, convient que c'est une disposition exorbitante qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde démocratique.
Et autant cette restriction pouvait être acceptable dans une période transitoire, avant un triple scrutin d'autodétermination, autant elle parait abusive dans un territoire qui a choisi d'inscrire son avenir dans la France.
Comme souvent, les indépendantistes arrivent mieux à se faire entendre et d'autant plus qu'ils ont maintenant un relai en métropole avec la présence d'un sénateur issu de leur rang.
Et l'on se dit que les Partisans de la France devraient peut-être arguer que le dégel du corps électoral est, pour eux, la mère des batailles.
Parce que le calendrier semble désormais de plus en plus flou.
Officiellement, les deux textes de loi doivent être adoptés dans les mois qui viennent par les deux assemblées et le Parlement sera réuni en Congrès à Versailles dans le courant du mois de juin, puisque la réforme constitutionnelle qui modifie le corps électoral doit être examinée avant le 1ᵉʳ juillet pour que les provinciales se tiennent avant la fin de l'année.
Ça c'est la version officielle. Mais on sait aussi que le gouvernement a un plan B dont il ne fait pas mystère. Son objectif reste un accord politique et institutionnel entre les partenaires calédoniens. "Si les partis reprennent les discussions, il y aura une suspension de la discussion constitutionnelle" a prévenu Gérald Darmanin devant la commission des lois. Et pour que les choses soient bien claires, il a même ajouté "Nous pouvons lever notre stylo pour qu'un accord puisse se substituer au non-accord" que représente la réforme constitutionnelle.
Les sénateurs de la commission des lois se plaignent, eux aussi, du délai fixé par le gouvernement qui n'a déposé son texte que début février.
Et ils sont, eux aussi, partisans d'un accord global tout en soulignant que, faute d'accord, il est indispensable de modifier le corps électoral.
Alors si c'est indispensable, autant passer à la marche forcée !

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