Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

12 février 2024 à 01:24

L'usine du Nord n'est pas une usine !

L'usine du Nord n'est pas une usine.
C'est un mythe, c'est un tabou, c'est un intouchable.
On ne critique pas l'usine du Nord, on ne l'attaque pas, on ne la met pas en cause...
Et cela fait des années que ça dure. Pratiquement depuis des temps immémoriaux.
Il faut dire que c'est, aussi, un rêve inaccessible qui a animé plusieurs générations, à tel point que l'on pensait que c'était un objectif qui ne pourrait jamais être atteint, un mirage, une illusion.
L'usine du Nord, c'est enfin le symbole de l'indispensable rééquilibrage économique et de l'accession des kanak à la gestion de la mine et du nickel.

Bref, l'usine du Nord, ce n'est pas une usine. C'est bien plus qu'une usine.
D'où la sidération qui saisit tous les calédoniens, à la perspective que l'usine du Nord – KNS – pourrait être mise en sommeil, voire qu'elle pourrait être amenée à fermer.
Même ceux qui avaient osé tirer la sonnette d'alarme depuis des années sont frappés de stupeur face à une telle perspective et personne ne souhaite la réalisation de ce scénario catastrophe qui prendrait des allures de cauchemar.

Toute la Calédonie a suivi avec passion le feuilleton de cette usine "pas comme les autres", née sous des auspices politiques quand en 1990, dans la foulée des accords de Matignon, Jacques Lafleur cède la SMSP aux indépendantistes.
Il y eu ensuite, après l'accord de Bercy, la décision prise - in extremis - en 2005, de construire l'usine avec le canadien FALCONBRIDGE qui devra céder la place à XSTRATA puis à GLENCORE.
Et chacun des épisodes de cette incroyable saga aura été largement médiatisé, de la pose de la première pierre en 2006, à l'arrivée des modules chinois jusqu'à la première coulée de nickel en 2013.
Que ce fut long ! D'autant plus que les déboires n'étaient pas terminés avec les difficultés techniques sur les fours et une production qui balbutiait loin d'atteindre les 60 000 tonnes prévues alors que l'usine se révélait un véritable gouffre financier. Alors que les dettes de la SMSP et de SOFINOR – qui détiennent 51% de KNS – devenaient abyssales tandis que GLENCORE actionnaire à 49% était le seul financeur.
Mais malgré tout, on ne touchait pas à l'usine du Nord, instrument de la province Nord, outil économique mais surtout politique, qui prospérait sur les bases de la fameuse doctrine nickel, portée par Paul Néaoutyine et André Dang, un dogme, une vérité intangible que nul n'a le droit de contester.

Dans ce contexte, l'annonce faite en septembre dernier, par GLENCORE qu'il cesserait de financer KNS le 29 février 2024 a fait l'effet d'une bombe.
Et à moins de trois semaines de la date fatidique, l'incertitude demeure alors que des discussions avaient lieu ces derniers jours à Paris.
GLENCORE va-t-elle cesser son financement mais rester actionnaire de KNS qui sera mise en sommeil ? Ou va-t-elle se retirer purement et simplement pour laisser la place à un éventuel repreneur, dont l'identité reste un mystère ?
Le ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire, a mis sur la table l'offre de l'Etat. 24 milliards CFP mais sous conditions et il appelle les actionnaires de KNS, GLENCORE et la Province Nord, à prendre leurs responsabilités.
Il aurait quand même pu appeler Paul Néaoutyine pour lui en parler parce que le président de la Province Nord tombe des nues. Il a tout appris par les médias et il se demande bien pourquoi le ministre l'interpelle, lui, le président de la Province Nord.
On ne peut pas croire qu'il découvre qu'il y a une usine dans le Nord et qu'il ne veuille pas la sauver par tous les moyens.
A moins, à moins... que l'usine du Nord soit un mythe !

Remarquez, pendant longtemps... on a même cru qu'André Dang transformait le nickel en or.

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