La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

19 novembre 2023 à 14:11
On assiste à un dialogue de sourds et les congrès des composantes du FLNKS n'ont fait qu'embrouiller un peu plus la situation.

On a vraiment l'impression d'un dialogue de sourds.
C’est-à-dire d'une discussion dans laquelle les interlocuteurs, ne se comprennent pas ou ne s'écoutent pas tout en pensant qu'ils parlent ensemble d'un même thème.
Le haut-commissariat parle "d'échanges sereins, respectueux et constructifs" pour qualifier les réunions à trois qui se sont déroulées sur le document martyr.
La Première ministre fixe comme objectif, avant la fin de l'année, "un accord qui doit permettre de régler les questions de la citoyenneté calédonienne, du dégel du corps électoral, de l'autodétermination, du statut et des institutions".
Les Loyalistes affirment, eux, qu'il y a un certain nombre de sujets sur lesquels ils ne sont pas loin de trouver un accord avec le PALIKA.
Mais quand les indépendantistes parlent de dialogue on a l'impression que ce n'est pas vraiment de la même chose qu'il s'agit.
C'est surtout vrai pour l'UC qui revendique le dialogue mais ne veut parler qu'avec ceux qui sont d'accord avec elle, tandis que le PALIKA – plus pragmatique parce qu'il est aux responsabilités – s'engage dans la méthode préconisée par l'Etat.
Mais ceux qui attendaient une clarification, au lendemain des congrès indépendantistes, sont forcément déçus.
Ils espéraient des attitudes cohérentes, voire convergentes, pour débloquer la situation, mais les composantes du FLNKS n'ont fait qu'embrouiller un peu plus les choses.
L'Union calédonienne mène le bal en campant sur des positions dures de contestation du 3ème référendum, du dégel du corps électoral et de la révision constitutionnelle.
De leur côté, le PALIKA et l'UPM donnent des gages en prenant acte de convergences et de divergences, entre les partenaires de la discussion, mais ils réaffirment que seul le projet de pleine souveraineté avec partenariat reste l’option ouverte.


En réalité, les congrès de l'UC, du PALIKA et de l'UPM n'ont pas ouvert de perspectives. Ils n'ont fait que renvoyer la résolution des problèmes à un hypothétique congrès du FLNKS dont on peut craindre qu'il officialise une situation basée sur le plus petit dénominateur commun, à savoir, l'accession à la pleine souveraineté au travers d'une "indépendance avec partenariat" ou d'une "indépendance avec la France", pour reprendre le jargon des principales composantes du Front.
Nous ne sommes guère avancés.


Dans ce contexte, il est indispensable que l'Etat garde la main et aille au bout de son projet de révision constitutionnelle, pour dégeler le corps électoral et pour modifier la représentation des provinces au sein du congrès.
Le reste peut attendre.
Mais la possibilité d'un consensus sur un accord global, qui était déjà très improbable, s'amenuise au fil du temps.
S'ils invoquent les accords de Matignon et de Nouméa, les indépendantistes les interprètent désormais à leur manière. Comme une trajectoire qui doit mener inéluctablement à l'indépendance et non pas comme la volonté de construire une communauté de destin respectueuse du choix de la majorité des calédoniens. De partenaires des accords, ils sont redevenus les adversaires de ceux qui veulent le maintien de la Calédonie dans la France.
Les uns et les autres utilisent les mêmes mots et les mêmes références mais ils ne leur donnent pas le même sens.
C'est vraiment un dialogue de sourds et on sait qu'il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

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