La chronique de la semaine écoulée
12 novembre 2023 à 14:09"Les échanges ont été sereins, respectueux et constructifs" affirme le haut-commissariat en conclusion des trois réunions plénières sur l'avenir institutionnel qui se sont déroulées, la semaine dernière, sous l'égide du préfet Rémy Bastille.
Des réunions à trois, Etat, Partisans de la France, et indépendantistes de l'UNI, mais on ne parle pas encore de trilatérales. Il faut éviter les mots qui fâchent, histoire de ne pas déstabiliser le fragile édifice des discussions sur l'avenir institutionnel. D'autant plus que l'Union calédonienne ne participait pas à ces 15 heures d'échange autour de la version deux du document de travail proposé par l’Etat, le fameux document martyr.
Chaque délégation a pu exprimer son point de vue et présenter ses propositions sur les points en discussion, indique le haut-commissariat, là encore très laconique dans la forme et dans le choix des termes. On n'est jamais trop prudent ou trop discret quand il s'agit de négociations.
Les quelques informations qui filtrent laissent cependant entendre que les discussions avancent sur la question du corps électoral, de l'autodétermination et de l'organisation institutionnelle. Les plus optimistes affirment même qu'un accord global est envisageable d'ici la fin de l'année.
A ce titre, la venue du ministre de l'intérieur et des outremers, à la fin du mois, apparait comme cruciale. C'est lui qui devra orchestrer l'acte final, la conclusion ou non d'un accord qui ouvrirait la voie à une révision constitutionnelle.
D'ici là, l'Union calédonienne a bien l'intention de continuer à jouer les trouble-fêtes !
Elle avait décidé de suspendre toutes les rencontres avec l'Etat jusqu'à son 54ème congrès et au lendemain de ce congrès, nous ne sommes guère avancés. Elle hésite encore à rencontrer Gérald Darmanin et dans son discours d'ouverture, le président Goa ne fait pas vraiment preuve d'ouverture.
C'est amusant !
Il nous a tellement habitués à des outrances que cette fois-ci, chacun en vient presque à saluer sa modération même quand il accuse la France de "forfaiture coloniale", quand il qualifie le document martyr de "document de recolonisation irrecevable" ou quand il fait l'amalgame entre corps électoral glissant et colonie de peuplement. Certes, on a connu bien pire mais il n'est pas sûr que la réélection de Daniel Goa pour un 11ème mandat consécutif soit un gage d'avancée et de sérénité alors qu'il refuse la réouverture du corps électoral et qu'il conteste la nécessité d'une réforme constitutionnelle.
Il faudra bien pourtant que l'UC revienne à la table des discussions mais, en attendant, Daniel Goa choisit de porter le fer dans le FLNKS dont il réclame, une fois encore, l'élargissement à tous les mouvements nationalistes et indépendantistes et dont il critique le mode de fonctionnement, les petits calculs et les postures qui ne sont pas dignes, dit-il, de la lutte qu'il est sensé mener.
L'ennemi, au sein du FLNKS, c'est l'UNI qui a osé participer aux discussions, non seulement avec l'Etat, mais aussi avec ses partenaires locaux de l'Accord de Nouméa. En fait, seule Calédonie ensemble trouve grâce aux yeux de l'UC qui se demande seulement jusqu’où les élus du parti de Philippe GOMES sont prêts à aller avec elle. Ça ne s'invente pas.
Nous aussi on aimerait bien savoir jusqu'où Calédonie ensemble est prête à aller avec l'Union calédonienne.
Même si on a un peu peur de la réponse…