La chronique de la semaine écoulée
11 septembre 2023 à 00:50
Ce sera l'Accord de Nouméa revu et corrigé, modernisé et adapté. L'Accord de Nouméa, c'est un peu notre sparadrap du capitaine Haddock. On l'a signé pour 20 ans mais, on a beau faire, on n'arrive pas à s'en débarrasser !
"Tout vient à point à qui sait attendre", dit la sagesse populaire depuis le XVIème siècle puisque ce proverbe est attribué à François Rabelais ou à Clément Marot.
Il n'a pas pris une ride si on en croit les dernières évolutions du dossier calédonien. Mais que ce fut long !
Il a fallu des mois d'atermoiements, de différés et d'hésitations, avant que l'on entre, enfin, dans le vif du sujet, 21 mois après la 3ème consultation référendaire qui était censée mettre un terme à l'Accord de Nouméa.
Mais cette fois-ci, il semble que l'on avance, après des mois d'immobilisme et d'inertie. Et on avance même à marche forcée,
A défaut d'être conclusive, la semaine qui vient de se dérouler à Paris pourrait – on va rester prudent – être décisive pour l'ouverture – enfin – des négociations autour de l'avenir institutionnel.
A marche forcée parce que le Président de la République – qui avait prévenu les responsables politiques calédoniens qu'il allait parfois les presser de décider et de choisir – les exhorte maintenant à aboutir à un accord… d'ici la fin de l'année en vue d'une révision constitutionnelle au début 2024.
Le Chef de l'Etat parle d'un calendrier contraint en rappelant la tenue des élections provinciales et la nécessité d'avoir, auparavant, modifié la Constitution pour dégeler le corps électoral.
Et l'Etat est tellement impatient qu'il a lui-même mis sur la table un projet d'accord.
"Car personne ne le proposait" ajoute Gérald Darmanin. Le ministre de l'intérieur et des outremers, pressé au point de dévoiler lui-même, dans la presse, les grandes lignes d'un document qui était censé rester confidentiel, le fameux "document martyr" qui doit servir de base aux négociations entre Partisans de la France et indépendantistes.
Ce document, les indépendantistes le qualifient déjà d'inacceptable et ils ont l'intention de le martyriser. Ils l'ont dit !
Il est vrai que plusieurs éléments, rendus publics par Gérald Darmanin, ne peuvent guère les satisfaire notamment en ce qui concerne le droit à l'autodétermination qui est, certes, réaffirmé mais pour lequel le document ne propose plus de date ou de durée pour l’atteindre.
Le projet d'accord propose, aussi, que "le nombre d'élus des provinces au Congrès réponde aux évolutions démographiques" ce qui est une revendication récurrente des Partisans de la France. Mais de leur côté, ceux-ci ne sont pas satisfaits des modalités proposées pour le dégel du corps électoral.
De toute façon, ce n'est pour l'instant, qu'une base de départ, ouverte à la discussion même s'il s'agit, in fine, de proposer un projet qui respecte le choix fait, par trois fois, par les calédoniens de rester français.
Mais le temps est compté et Gérald Darmanin sera en Calédonie courant octobre pour finaliser la discussion autour de ce projet.
Et d'ailleurs, l'accélération est sensible. En 5 jours, les responsables politiques Calédoniens ont été reçus à l'Elysée, à Matignon et à Bercy, parce que le devenir du nickel n'est pas non plus oublié dans l'équation. Un programme qui traduit, sans doute, la volonté au plus haut niveau de l'Etat d'aboutir sur le dossier calédonien.
Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Ce ne sera pas une révolution, ni un statut très innovant. Ce sera l'Accord de Nouméa revu et corrigé, modernisé et adapté.
"L’esprit de l’accord de Nouméa doit demeurer, déclare Elisabeth Borne, mais sa mise en œuvre opérationnelle pourra évoluer". Quant à Gérald Darmanin, il indique que "l’on ne touchera pas à l’accord de Nouméa de 1998, qui prévoit une citoyenneté néo-calédonienne dans la citoyenneté française, ainsi que ses autres acquis."
L'Accord de Nouméa, c'est un peu notre sparadrap du capitaine Haddock. On l'a signé pour 20 ans mais, on a beau faire, on n'arrive pas à s'en débarrasser !