La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

3 septembre 2023 à 13:44
Les indépendantistes disent qu'ils ont le temps. Mais ils vont réaliser que le temps, c'est de l'argent !

Quand Gérald Darmanin avait déclaré début décembre, qu'il fallait se hâter lentement, il ne pensait pas être pris au pied de la lettre.
Il voulait ainsi calmer les impatiences de ceux qui regrettaient qu'un an après la 3ème consultation, qui inscrivait la Calédonie dans la France, rien n'ait été fait.
Mais il venait d'accepter le calendrier du FLNKS qui refusait que les discussions commencent avant la réunion de leur congrès prévue en début d'année.
Finalement, c'est en février que se sont réunies les instances indépendantistes et le ministre de l'intérieur et des outremers a fait preuve de la même patience au mois de mars, en fixant cependant une date butoir. "Il faut qu'on soit prêts pour septembre, avait-il déclaré, si on veut une réforme constitutionnelle début 2024".
Entretemps, les indépendantistes et les Partisans de la France se sont retrouvés à Paris, en avril, à l'invitation de la Première ministre. Le ministre de l'intérieur et des outremers est revenu en juin et il a obtenu un léger déblocage de la situation quand les indépendantistes ont accepté de discuter de l'ouverture du corps électoral. C'est enfin le Président de la République, qui a effectué une visite fin juillet.
Tout ça pour ça ! Tout ça pour en arriver à ce nouveau round de discussions cette semaine, à Paris, à l'invitation, une fois encore, de la Première ministre. Que va-t-il en sortir et que faut-il en attendre ? Ce sont les questions qui sont sur toutes les lèvres même si la plupart des observateurs sont plutôt sceptiques sur l'issue positive de ce nouveau rendez-vous.
Il faut dire que l'ordre du jour n'est pas très clair et que l'on ne sait pas très bien de quoi vont parler les uns et les autres. Le nickel, bien sûr, parce qu'il y a urgence et que les trois unités métallurgiques sont dans une situation tellement grave qu'il est impératif de prendre des décisions. Mais les réactions des indépendantistes à l'objurgation du Président de la République, qui appelle "à bouger la doctrine nickel et à un peu bouger les équilibres de production", ne rend pas très optimiste sur la capacité à définir une stratégie globale.
On parlera ensuite, pour la énième fois, du corps électoral mais, là non plus, ce n'est pas gagné ! L'inscription des natifs semble le seul élément qui fasse l'unanimité et c'est l'Etat qui devra prendre les choses en main s'il veut modifier la Constitution sur ce point.
Et pour le reste, on est dans le bleu ! Roch Wamytan affirme que les indépendantistes ont encore des tas de sujets à discuter, en bilatérales, avec l'Etat. Ce qui risque de reporter aux calendes grecques la tenue des fameuses trilatérales qui permettront – on l'espère – de rentrer, enfin, dans le vif du sujet du nouveau statut.
Les calédoniens vont-ils épuiser la patience de l'Etat ? Emmanuel Macron a été clair dans son discours de la place des cocotiers. "Vous me verrez parfois vous presser de décider et de choisir. Je sais que parfois cela vient contrarier le besoin de temps que certains expriment. Je respecterai toujours le temps qu’il faut pour une discussion sincère et loyale, mais il nous faut avancer."
Et avant lui, Gérald Darmanin avait filé la métaphore en déclarant que "le train est parti, lentement, pour permettre à tout le monde de monter dedans mais il va maintenant accélérer."
Une accélération qui ne semble toujours pas à l'ordre du jour même si l'Etat garde dans sa manche l'atout de l'aide financière à la Nouvelle-Calédonie. Là aussi, il a été clair en affirmant, à la veille de l'ouverture de ces discussions – et malgré les déclarations intempestives de certains – qu'aucune décision n'a été prise pour le moment.
Et ça, les indépendantistes peuvent le comprendre. Ils disent qu'ils ont le temps. Mais ils vont aussi réaliser que le temps, c'est de l'argent !

En direct