La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

20 août 2023 à 14:01
Dans ce contexte anxiogène, remercions Calédonie ensemble d'apporter une touche d'humour, même s'il est involontaire...

La Calédonie frappée de sinistrose.
Les finances publiques au bord du gouffre, le déficit du RUAMM, la faillite de la CLR, les avions d'Aircal bloqués au sol, les conducteurs de bus attaqués, la désertification médicale, l'arrêt de l'activité de la mine de Poum et le rapport de l'IGF qui annonce comme inéluctable la fermeture d'au moins une unité métallurgique…
Chaque jour, l'actualité semble apporter son lot de mauvaises nouvelles qui viennent plomber le moral des calédoniens et incitent certains d'entre eux à décamper.
Il est peut-être temps d'arrêter de se morfondre et de considérer aussi tous les atouts de la Calédonie et le bonheur qu'il y a à y vivre.
"Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console."
L'aphorisme de Talleyrand s'applique assez bien ici. Il pourrait d'ailleurs être médité par tous ceux qui sont persuadés que l'herbe est plus verte ailleurs sans voir les situations d'insécurité, de violences, de catastrophes naturelles ou de misères que connaissent beaucoup de populations de par le monde.
Mais soyons réalistes. Ce qui mine les calédoniens c'est l'interminable incertitude sur l'avenir institutionnel. Comme si, depuis des années, on tournait en rond sans apercevoir aucune issue, aucune solution, avec l'impression de regarder sans fin le même film.
Et paradoxalement, cette impression s'est encore accrue depuis le 3ème référendum.
Après avoir voté 3 fois non à l'indépendance, les calédoniens pensaient que l'horizon s'éclaircirait et qu'ils pourraient enfin tourner la page de l'impasse institutionnelle. Mais les discussions n'en finissent pas de commencer et même la visite du Président de la République, qui leur a affirmé que la Calédonie restera française parce que les calédoniens ont choisi de rester français, ne les a pas soulagés.
Au-delà des mots, ils attendent des actes et ils ne voient rien venir.
A ce titre, la séquence de discussions qui doit s'ouvrir début septembre à Paris ne suscite que peu d'engouement et peu d'espoir. Comme si les calédoniens pensaient, avant même qu'elles aient débuté, que ces réunions ne déboucheraient sur rien de tangible. Et pourtant, il y a ce sentiment d'urgence qui les étreint avec un calendrier ambitieux qui prévoit une réforme constitutionnelle en début d'année et la signature d'un accord courant 2024. Mais le cœur n'y est pas.
D'autant qu'une bonne nouvelle peut en cacher une mauvaise. Si le dégel du corps électoral est effectif, le temps imparti pour la révision des listes empêchera que les élections provinciales se déroulent au mois de mai comme prévu. Encore du temps perdu
Dans ce contexte anxiogène, remercions Calédonie ensemble d'apporter une touche d'humour, même s'il est involontaire, avec les dernières déclarations de sa rencontre citoyenne. On y apprend, de la bouche de ses responsables, que l'Etat s'est inspiré très largement de leurs idées et même que "leurs propositions ont été intégralement retenues par l'Etat". Pour un peu, ils nous diraient qu'ils ont eux-mêmes écrit le discours d'Emmanuel Macron. Mais ensuite, au détour de leur projet d'avenir on trouve quelques perles qui valent le détour. Oublions la poursuite de l'émancipation du pays et la "calédonisation" des compétences régaliennes qui ne sont là que pour faire plaisir aux indépendantistes et qui vont au rebours de ce que les calédoniens ont dit par trois fois. Passons sur la proposition iconoclaste de l'élection d'un président du pays, sur la suggestion baroque d'appeler "ministres" les membres du gouvernement ou sur tous les détails qui ne sont qu'une sorte de customisation de la loi organique destinée à prolonger encore les institutions issues de l'Accord de Nouméa. Mais pour la bonne bouche, retenons la proposition de supprimer la possibilité de faire tomber le gouvernement par la démission d'un ministre et de la liste afin de renforcer la stabilité gouvernementale. En 2011, c'est Calédonie ensemble qui avait utilisé sans discontinuer, cette disposition, jusqu'à ce que le Parlement soit obligé de modifier en urgence l’article 121 de la loi organique. Alors deux solutions. Ou bien ils ont appris ou alors, comme dirait Audiard, ils osent tout et c'est à ça qu'on les reconnait !

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