La chronique de la semaine écoulée
7 août 2023 à 00:50
Ce passé qui ne veut pas passer et dont il faudra bien trouver pourtant comment le dépasser, sans le ressasser, ni l'effacer.
Pas rancuniers les indépendantistes !
Un peu sonnés, quand même, après la violente charge du Président de la République à leur égard mais ils viendront à Paris. Gilbert Tyuienon le dit, même si Roch Wamytan maintient un semblant de suspens, et le comité directeur de l'UC le dit aussi en affirmant que "malgré la violence de certains propos, l’Union Calédonienne a décidé de se maintenir sur la voie du dialogue".
Et le Palika ne dit pas autre chose en réaffirmant, dans un communiqué, son engagement dans les discussions et travaux sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Tout le reste n'est que littérature ou rodomontades et l'UC et le PALIKA se livrent à une sorte de concours puéril de bons mots pour savoir qui sera le plus dur envers le Chef de l'Etat.
L'UC dénonce son attitude impérialiste et condescendante, son "one man show" et "son discours teinté de colonialisme et d'agressivité", prononcé devant une foule de "followers".
Le PALIKA évoque une "incartade présidentielle", "un éclairage paternaliste, impérialiste et néocolonial" et il affirme rester "circonspect face à un discours infantilisant".
Mais les deux, UC et PALIKA, répondront à l'invitation de l'Etat début septembre à Paris et quant à savoir s'il s'agit de bilatérales ou de trilatérales, là encore, on joue sur les mots.
Quand les trois partenaires sont réunis, les indépendantistes affirment que ce sont des bilatérales parce que l'Etat et les partisans de la France sont dans le même camp. Remarquable tour de passe-passe. On en convient, ce n'est pas le meilleur état d'esprit pour ouvrir des discussions mais ils veulent être autour de la table. Ils ont désormais compris que les absents ont toujours tort et que le dégel du corps électoral se fera avec ou sans eux.
Ils seront là, donc, mais ils en rajoutent dans une logique de rapport de force.
Et ils devront aussi être présents pour parler de l'avenir du nickel. Là non plus le Président de la République ne les a pas ménagés en appelant à "bouger la doctrine nickel" mais il s'appuyait sur le rapport de l'IGF qui ne dit pas autre chose quand il prône le développement de l'exportation ou la réduction de l'actionnariat public, au rebours de la doctrine indépendantiste.
Un rapport très alarmiste et cela n'aura échappé à personne. Il affirme que la fermeture de sites miniers "paraît à ce jour inévitable" à défaut d'une "nouvelle intervention des acteurs privés et des pouvoirs publics" et il envisage le pire en évoquant la "défaillance simultanée" des trois entreprises qui "conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50%", à un "déséquilibre" des comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie et à des coûts environnementaux importants.
Un gâchis d'autant plus regrettable que le nickel est l'un des métaux les plus recherchés pour les batteries des voitures électriques et que, selon le rapport, la filière néocalédonienne pourrait "théoriquement représenter" jusqu'à 85% des besoins des usines françaises de batteries en 2030, ou "14% des besoins de l'Union Européenne en 2035". Il y a donc une exigence de résultat et le temps est compté. Quelques mois à peine pour trouver les moyens de "consolider l'avenir de la filière nickel". Et l'Union calédonienne voudra forcément en être, elle qui se targue de son rôle historique en rappelant que chaque tournant l'histoire calédonienne a été écrite avec la plume de l’UC.
L'histoire toujours et le rappel du passé.
Ce passé qui ne veut pas passer et dont il faudra bien trouver pourtant comment le dépasser, sans le ressasser, ni l'effacer.