La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

30 juillet 2023 à 13:46
Les indépendantistes seraient venus autour de la table, que la face du discours d'Emmanuel Macron en eût été changée.

Conforter les Partisans de la France sans désespérer les indépendantistes.
La mission que s'était fixée Emmanuel Macron, pour cette visite de deux jours en Nouvelle-Calédonie, n'a été que partiellement accomplie.
Mais c'est la faute aux indépendantistes ou, en tout cas, aux leaders de l'Union calédonienne qui ont boudé la réunion des parties prenantes aux discussions sur l'avenir, présidée par le Chef de l'Etat.
"J'ai été personnellement blessé par leur absence" avoue le Président de la République et l'on peut penser que, s'ils étaient venus la tonalité du discours présidentiel aurait été moins dure à leur égard et plus équilibrée.
Mais là, Emmanuel Macron ne leur a pas fait de cadeau et il a fustigé "les diktats de ceux qui ne savent plus trop où est leur base" avant de faire la leçon aux indépendantistes en affirmant que "le dialogue tripartite, c'est un courage" et que "se réfugier dans le silence, dans l'isolement, dans un séparatisme, c'est choisir de fait, à nouveau, le risque de la violence." Et il est allé encore les chercher sur "la doctrine nickel qu'il faut bouger" ou sur la tentation d'alliances étrangères parce que "les questions d'indépendance sont des questions des décennies passées et que si l'indépendance, c'est de choisir demain d'avoir une base chinoise ici ou d'être dépendant d'autres flottes, bon courage ! Ça ne s'appelle pas l'indépendance."
Fermez le ban ! Voilà pour les coups de semonce.


Mais on peut penser que ce n'était pas l'intention première du Président de la République qui était venu proposer un double chemin de pardon et d'avenir. Deux chemins qui, pour lui, sont indissociables.
De cette prise de parole, sur la place des cocotiers, les observateurs retiennent surtout une phrase qui symbolise ce voyage "La Nouvelle-Calédonie est française parce qu'elle a choisi de rester française".
Une déclaration largement applaudie par la foule bleu-blanc-rouge qu'il a aussi rassurée en ajoutant que le nouveau projet qu'il veut bâtir est "celui de la Nouvelle-Calédonie dans la République" et en évoquant le dégel du corps électoral et la réforme de la constitution.
Dès lors son public était conquis et il ne lui en a même pas voulu de son tacle plutôt violent quand il a qualifié "d'extraordinairement injuste le modèle économique et social calédonien" et qu'il a lancé, à l'adresse des Partisans de la France "On ne peut pas être fiers d'avoir voté pour rester dans la France et dans la République, et ne pas vouloir être fier de sa devise : "liberté, égalité, fraternité".
Une mise en cause très rude qui, en d'autres circonstances, aurait fâché son auditoire.
Comme son chemin du pardon dont il affirme, certes, que "ce n'est pas un chemin de repentance" mais sur lequel – il le dit lui-même – on ne l'attendait pas après les trois référendums. Un chemin du pardon qui, clairement, s'adresse surtout aux indépendantistes. Les Partisans de la France, dans leur grande majorité ne sont pas demandeurs. C'est aux indépendantistes qu'Emmanuel Macron répète – 5 ans après son discours du théâtre de l'ile, qu'il ne s'agit pas de ressasser un passé qui ne veut pas passer.
Le Président de la République voulait appeler à la construction dans le consensus d'un nouveau projet et il a fixé deux piliers au chemin d'avenir : la refondation du modèle économique et social et la construction d'une puissance océanienne, véritable levier de rayonnement international et socle de notre Indopacifique.
Et peut-être faut-il le regretter.
Mais les indépendantistes seraient venus autour de la table, la face du discours d'Emmanuel Macron en eût été changée.

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