La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

23 juillet 2023 à 14:08
Emmanuel Macron s'interroge. Le consensus est-il la traduction océanienne du "en même temps" ?<br />

Un petit air de vacances anticipées pour Emmanuel Macron qui est dans l'avion qui l'emmène en Nouvelle-Calédonie.
Certes, il s'adressera à l'ensemble des français, depuis Nouméa, au travers d'une interview télévisée, et il présidera même un conseil des ministres en visioconférence, mais ce sera le dernier avant la coupure estivale.
Et depuis les antipodes, tout cela ressemblera un peu à des vacances avant l'heure.
Il faut dire que ce déplacement en Océanie tombe à point nommé pour le Chef de l'Etat, qui sort à peine de toute une série de crises, et qui vient de clore une séquence politique un peu compliquée avec un remaniement ministériel et un premier bilan des 100 jours qui étaient censés ramener l'apaisement.
Les visites au Vanuatu et en Papouasie Nouvelle-Guinée – des pays dont la plupart des métropolitains n'ont jamais entendu parler – c'est le dépaysement assuré. Emmanuel Macron s'y rend pour "réengager la France" dans la région et pour donner du corps à la stratégie indopacifique. Il espère seulement que dans ces pays, il ne sera pas affublé en permanence, de coiffes, de colliers et de costumes traditionnels qui, vus de Paris, font toujours un peu désordre.


Mais la Nouvelle-Calédonie ! C'est autre chose. Et en volant vers Nouméa, Emmanuel Macron se rappelle quelques bons souvenirs.
La Calédonie, c'est la seule collectivité d'outremer où il est arrivé en tête dès le premier tour de la présidentielle de 2022. Un succès dû, il le sait, au maintien de la date du 3ème référendum qu'il ne pouvait de toute façon pas modifier.
La Calédonie, c'est aussi la seule collectivité ultramarine qui ait envoyé deux députés Renaissance à l'Assemblée nationale. Un résultat dû essentiellement, il le sait, à l'unité des Partisans de la France. Mais il ne va pas bouder son plaisir.
D'autant plus que le territoire a d'autres atouts.
Les calédoniens se fichent complètement de sa réforme des retraites qui ne les concerne pas. En Calédonie, il n'y a pas eu de manifestations, il n'y a pas eu de "cassorelades", et dernièrement, il n'y a pas eu, non plus, d'émeutes urbaines, de pillages et de saccages.
Ajoutez à cela qu'en Nouvelle-Calédonie, la France insoumise est pratiquement absente et le Rassemblement national bien discret.
Et que même les indépendantistes, le prennent pour un super héros en l'appelant à être le héros de la décolonisation.
Décidément, pour Emmanuel Macron, la Nouvelle-Calédonie, c'est vraiment l'ile la plus proche du paradis !
Mais bon, ils sont aussi un peu agaçants ces calédoniens songe Emmanuel Macron à bord de l'Airbus présidentiel. Et il ne les comprend pas complètement. Par exemple, il y a 3 ans, il leur a rendu les actes de prise de possession et pour lui, c'était un geste mémoriel fort. Eh bien, il a été accueilli dans la plus grande indifférence par des calédoniens qui se demandent encore pourquoi il a fait cela.
Et puis, ils ont beau n'être que 270 000, cela fait 40 ans qu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord entre eux et qu'ils sollicitent l'aide de l'Etat. Et cela fait un an qu'ils mobilisent très largement son ministre de l'intérieur et des outremers qui a pourtant d'autres préoccupations plus brûlantes.
Maintenant qu'ils ont décidé de rester dans la France, Emmanuel Macron veut croire à leur volonté de se réinventer pour créer ce consensus nécessaire à l'élaboration du futur statut et il va tenter de débloquer la situation pour aboutir, enfin, à une révision constitutionnelle, lui qui espère en réussir une depuis le début de son premier quinquennat.
Mais avec le recul, il se dit que, c'est vrai que la France est plus belle avec la Nouvelle-Calédonie et il s'interroge, est-ce que le consensus, ce n'est pas la traduction océanienne du "en même temps" ?

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