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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée

Elizabeth Nouar
16 septembre 2024 à 00:04
Quand un parti marxiste en est réduit à utiliser le vocabulaire de l'Eglise catholique, c'est sans doute que l'heure est grave.

"Ce qui s'est passé à Koumac est une véritable hérésie." 
C'est un choix de mot étonnant de la part de Charles Washetine, l'un des porte-parole du PALIKA, pour qualifier le pseudo congrès du FLNKS qui s'est réuni, fin août. Un congrès qui a intégré une myriade de petits partis indépendantistes, qui a nommé Christian Téin président du FLNKS, et qui s'est réuni sans la participation du PALIKA et de l'UPM.

Une hérésie, c'est une pensée émise au sein de l'Église catholique et condamnée par elle. Et quand un parti marxiste en est réduit à utiliser le vocabulaire de l'Eglise, c'est sans doute que l'heure est grave.

Suffisamment – on l'a bien compris – pour que le PALIKA envisage de quitter le FLNKS. Un FLNKS noyauté, un FLNKS phagocyté, pour reprendre l'acte d'accusation de Charles Washetine qui parle, aussi, de coup de force et de "camouflet pour l'UC qui n'arrive pas à endiguer les phénomènes de violences orchestrés par la CCAT qu'elle a elle-même créée."

Le réquisitoire est violent et on ne voit pas ce qui pourrait réconcilier les frères ennemis du Front. Si l'objectif de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain, était de déconsidérer le camp indépendantiste et de faire exploser le FLNKS, elle aura réussi sa mission.

Les indépendantistes ont déjà perdu la présidence du congrès, et le PALIKA le déplore, mais c'est l'ensemble de la coalition indépendantiste qui risque d'être discréditée si elle ne prend pas clairement ses distances avec la violence insurrectionnelle déclenchée au mois de mai. Comment peut-on imaginer d'inviter autour de la table des négociations, un parti dont le président est incarcéré et soupçonné d'être à la tête d'une organisation criminelle ? 

Les avocats du FLNKS l'ont constaté à leurs dépens. Leur agitation pour obtenir le dépaysement de la procédure qui vise les commanditaires présumés des émeutes, semble avoir fait long feu même s'ils ont saisi la cour de cassation. 

On retrouve d'ailleurs la stratégie de la division blindée d'avocats métropolitains, qui sévissait déjà dans les années 80, et dont maitre François Roux est aujourd'hui le seul survivant. Il ne se renouvelle pas même s'il a su entrainer, dans son combat, de nouveaux défenseurs.

C'est dans ce contexte que se prépare le 24 septembre, date redoutée s'il en est, depuis que plusieurs voix se sont faites entendre pour évoquer une déclaration unilatérale d'indépendance qui interviendrait ce jour-là. L'expression, en elle-même, ne veut rien dire et la plus grande confusion règne autour de ces annonces. 

Daniel Goa avait parlé du 24 septembre 2024 mais depuis, l'UC affirme que l'on avait mal compris et qu'il s'agit du 24 septembre 2025. Quant au leader du conseil coutumier Hyppolite Sinéwamy, qui voulait organiser une grande manifestation à Balade pour proclamer, ce jour-là, la déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies, il a revu ses ambitions à la baisse et il se contentera d'une cérémonie, dont on ne comprend pas bien la portée, chez lui, à Maré. 

Mais il n'en fallait pas plus pour inquiéter une population calédonienne déjà traumatisée par le 13 mai. Eh bien ce sera un 24 septembre sous haute surveillance. Le haut-commissaire, qui s'appuie sur un dispositif de 7000 personnels de la sécurité intérieur – du jamais-vu – a décidé d'un durcissement du dispositif de sécurisation et il prévient qu'aucun trouble à l'ordre public ne sera toléré pendant le long week-end du 24 septembre. Nous pourrons donc célébrer tranquillement la fête de la citoyenneté qui marque, désormais, la date anniversaire du rattachement de la Calédonie à la France. 

Je ne sais pas si le cœur y sera mais perturber ce jour-là, ce serait, là aussi, une véritable hérésie. 

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