Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

3 juin 2019 à 09:26

Il faut inventer autre chose pour sortir – et vite – de l'Accord de Nouméa. Sinon, l'histoire continuera à bégayer…

C'est bien connu. L'histoire ne se répète pas, elle bégaie.
Et on le voit une fois de plus, en Nouvelle-Calédonie, où plusieurs observateurs se plaisent, par les temps qui courent, à rappeler l'épisode de la FNSC, la Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne, qui vit le jour il y a tout juste 40 ans.
La FNSC, c'était une troisième force, anti-indépendantiste mais opposée à l'hégémonie du RPCR et, pendant 5 ans, entre 1979 et 1984, elle a fait la pluie et le beau temps. Elle a servi de pivot et de force d'appoints aux deux blocs, les indépendantistes et les partisans du maintien dans la France.
Et comme aucun des deux camps n'avaient la majorité absolue à lui tout seul, elle est devenue un allié incontournable pour la formation de toute coalition gouvernementale.
Ça ne vous rappelle rien ?

C'est ainsi qu'en 1982, elle fit élire Jean-Marie Tjibaou à la tête du conseil de gouvernement.
La FNSC qui, au bout de ses contradictions, disparut progressivement pendant la période dite des "Évènements".

Toute ressemblance avec des faits actuels n'est pas fortuite et cela prouve bien qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
Régulièrement, par utopisme, naïveté, ou opportunisme, des responsables politiques prétendent dépasser les clivages entre indépendance et maintien dans la France.
Et ce n'est pas pour rien, qu'au temps de sa splendeur, Calédonie ensemble a été soupçonnée, pour ses complaisances à l'égard du FLNKS, de vouloir reconstituer un phénomène de type FNSC.

Aujourd'hui, c'est au tour de l'Eveil océanien qui, fort de ses 3 sièges au Congrès, veut "briser le mur invisible entre ceux qui sont pour la France et ceux qui veulent l'indépendance". Cela n'a rien d'original, mais ça ne marche jamais.
Et pourtant, on en a vu des majorités d'idée ou de projet, mais à chaque fois, elles se heurtent à cette réalité qu'il existe deux visions d'avenir totalement antagonistes qu'il est impossible de dépasser. Tant que la Calédonie n'aura pas résolu la question de son avenir institutionnel, elle se fracassera contre cette réalité.

Et c'est un vrai problème parce que l'on voit bien que, depuis trente ans, tous les discours, toutes les prises de position, tous les dossiers reflètent ce prisme de l'indépendance ou du maintien dans la France et qu'en attendant, il est difficile, voire impossible, de s'attaquer réellement aux problèmes quotidiens des calédoniens et d'effectuer de vraies réformes.
Tout le monde le dit et chacun en a conscience mais c'est une vérité incontournable parce que l'on ne peut pas aborder les solutions de la même manière selon que l'on envisage l'avenir au sein de l'ensemble français ou dans un Etat indépendant.
Les moyens dont on disposera, les réponses que l'on apportera, les schémas que l'on mettra en place sont forcément étroitement dépendants du statut de la Nouvelle-Calédonie et de ses liens ou non avec une grande nation.

C'est pour cela d'ailleurs que les Accords de Matignon puis de Nouméa nous avaient donné une limite pour trancher. 10 ans plus 20 ans. Et trente ans après, on se retrouve à la case départ.
Pire, on est dans l'impasse !
Incapable même de former un gouvernement qui traduise la volonté de la majorité des calédoniens qui, scrutin après scrutin, réaffirment qu'ils veulent rester français.

La mainmise des indépendantistes sur le Congrès et le risque qu'ils s'emparent aussi du gouvernement vient apporter la preuve – s'il en était besoin – que cette mandature est la mandature de trop. Il faut inventer autre chose pour sortir – et vite – de l'Accord de Nouméa.
Sinon, l'histoire continuera à bégayer…

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