
la chronique de la semaine écoulée
23 avril 2023 à 13:11Si Daniel Goa n'existait pas, peut-être faudrait-il l'inventer.
Régulièrement, le président de l'Union calédonienne prononce des discours qui sont de véritables brûlots, pleins d'outrances et de provocations dont le seul but – semble-t-il – est de défier l'Etat et de choquer les partisans du maintien de la Calédonie dans la France.
Ils ont un effet cathartique et Daniel Goa est, ainsi, le leader politique que les non-indépendantistes adorent détester.
Un rôle qu'il assume apparemment.
Mais à force de braver, de narguer et de provoquer, le président de l'UC va souvent trop loin. Ce fut le cas ce samedi encore, à Koumac, où il a clairement menacé d'un retour aux événements et à la violence en cas d'ouverture du corps électoral et où il a tenu des propos inadmissibles à l'égard de la France.
L'occasion de rappeler que tout ce qui est excessif est insignifiant et que, la plupart des autres responsables indépendantistes – même au sein de l'Union calédonienne – tiennent des propos beaucoup plus mesurés.
Il est vrai que ces tonalités différentes traduisent, aussi, la réalité d'un camp indépendantiste plus divisé que jamais et qui peine à trouver un positionnement cohérent depuis son triple échec aux consultations référendaires.
Alors, il s'en sort avec des mots nouveaux et il nous affirme aujourd'hui que sa "trajectoire" c'est l'accession à la pleine souveraineté. Sa trajectoire !
Bien malin qui saura quel est le sens à donner à ce mot qui, littéralement, se définit comme "une ligne décrite dans l'air ou dans l'espace par un corps en mouvement."
Et le mouvement, ce n'est pas vraiment ce qui caractérise les indépendantistes !
Ils cultivent, à l'inverse, l'immobilisme et le statu quo, persuadés que le temps joue en leur faveur.
Mais avec tout ça, il est un peu difficile de s'y retrouver et l'on aimerait bien savoir ce qui s'est dit dans les bilatérales entre le FLNKS et l'Etat.
D'autant plus que, selon Victor Tutugoro, la délégation indépendantiste a conclu cette séquence parisienne "dans un esprit serein et satisfait avec le sentiment d'avoir été entendu."
Et d'ailleurs, ce week-end – une fois passé le discours de Daniel Goa – l'Union calédonienne disait attendre sereinement la visite, début juin, du ministre de l'intérieur et des outremers. Alors que se sont-ils vraiment dit ? Et les indépendantistes sont-ils prêts à des discussions trilatérales à l'occasion de la venue de Gérald Darmanin ? Malgré leurs rodomontades, on peut penser qu'ils ont donné leur accord au ministre de l'intérieur et des outremers qui, sinon, n'aurait aucun intérêt à refaire le déplacement en Nouvelle-Calédonie.
Reste à savoir de quoi les uns et les autres vont parler dans ces discussions tripartites que l'on attend depuis bientôt un an et demi et qui risquent, dans un premier temps, de ressembler à un dialogue de sourds.
On peut penser en tout cas que les non-indépendantistes parleront d'une seule voix comme ils l'ont fait à Paris.
Les non-indépendantistes sauf, Calédonie ensemble qui, ici comme là-bas, continue à cultiver sa différence.
Il faut dire que, si Philippe Gomès n'existait pas… peut-être ne faudrait-il pas l'inventer !