Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

27 mars 2023 à 00:25

Un petit accord vaut mieux que pas d'accord du tout...

"Un mauvais accord vaut mieux qu'un bon procès" dit la sagesse populaire.
L'Etat de son côté, se dit qu'un petit accord vaut mieux que pas d'accord du tout.
C'est manifestement la stratégie qu'il a décidé d'adopter avec les discussions en deux temps, annoncées par le haut-commissaire Louis Le Franc.
On négocie d'abord un petit accord avant de passer aux discussions sur un grand accord.
Un petit accord qui porte quand même – excusez du peu – sur le corps électoral et sur le droit à l'autodétermination, deux sujets essentiels, deux dossiers décisifs qui symbolisent, à eux seuls, les oppositions entre indépendantistes et partisans du maintien dans la France.
Le corps électoral est, en soi, le point crucial, le chiffon rouge pour les indépendantistes qui se sont toujours battus sur ce dossier qui reste, pour eux, la mère des batailles. On ne touche pas au corps électoral, aiment-ils réaffirmer en considérant que le gel est un acquis que l'on ne peut remettre en cause.
De leur côté, les non-indépendantistes ont fait du dégel du corps électoral, leur cheval de bataille. Ils répètent, à l'envi, que l'on ne peut pas priver éternellement du droit de vote 42 000 calédoniens, dont certains sont nés ici alors que d'autres ont fait leur vie en Calédonie, et y paient leurs impôts.
Deux positions de principe, a priori irréconciliables, mais sur lesquelles il va bien falloir trouver un compromis.
D'autant plus qu'au-delà de la posture, les indépendantistes savent que leur position est intenable, juridiquement et politiquement, et que les non-indépendantistes ont, pour la plupart, admis que le corps électoral ne serait pas complètement rouvert. La mise en garde de Gérald Darmanin, qui prévient que l'Etat ne convoquera pas les élections provinciales de mai 2024 sur le corps électoral actuel, va servir d'aiguillon à la discussion mais elle s'avère ardue pour trouver une position acceptable par tous et recevable aussi bien par les juristes que par les politiques.

Le second terme du "petit accord" n'est pas moins rude tant la question du droit à l'autodétermination est, elle aussi, extrêmement sensible. Mais là encore, les bornes ont été posées par l'Etat. Il reconnait le droit à l'autodétermination mais il n'envisage pas de référendum sur ce thème dans les mois ou les années qui viennent.
Il faut dire que l'on a déjà donné !
Les questions sont aussi très nombreuses autour du droit à l'autodétermination.
Comment et par qui peut-il être déclenché ? Dans quelles circonstances, dans quel délai et avec quelle représentativité ? Et une fois déclenché, quel sera le corps électoral spécial appelé à exercer ce droit ?
Et puis, l'exercice de ce droit sera-t-il une épée de Damoclès permanente, sur la tête des calédoniens ou peut-on envisager, d'une façon ou d'une autre, le retrait de la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser ?
Là non plus, les réponses ne s'imposent pas d'elles-mêmes et le compromis s'annonce difficile.
Si bien que l'Etat semble faire le pari qu'une fois trouvé le "petit accord" sur ces sujets essentiels, le "grand accord" sur la question institutionnelle sera plus facile à dégager. Que les questions du partage des différentes compétences, de l'agencement et de l'architecture des diverses collectivités, seront presque un détail et qu'elles couleront de source.
Tronçonner l'accord en plusieurs parties, le morceler, le sectionner c'est peut-être la solution ultime pour sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons.
Au point où nous en sommes, on peut toujours essayer…

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