
La chronique de la semaine écoulée
26 février 2023 à 13:54On ne voudrait pas trop être à la place de Gérald Darmanin qui entame, jeudi, un nouveau déplacement en Nouvelle-Calédonie, après sa première visite, en décembre, comme ministre de l'intérieur et des outremers.
Certes, on peut penser qu'il a eu raison de se hâter lentement et de laisser se tenir le congrès du FLNKS qui s'est réuni ce week-end, avec un mois de retard sur le calendrier initial. Mais on est aussi obligé de constater que nous ne sommes guère plus avancés.
Ce que nous apprend, surtout, ce 41ème congrès c'est que les indépendantistes sont indépendantistes et qu'ils veulent l'accession à la pleine souveraineté.
Rien de très nouveau sous le soleil, même s'ils osent se payer de mots et parler d'un congrès déterminant voire historique.
Ce sur quoi ils veulent mettre l'accent, eux, c'est sur la prétendue unité retrouvée de la mouvance indépendantiste. Mais on se permettra d'être circonspect voire dubitatif.
On les connait assez pour savoir que, derrière la belle photo de la dizaine de représentants de partis, syndicats, groupes de pression et autres groupuscules, se dissimulent autant de haines recuites et de divisions. Elles existent au sein même du FLNKS mais aussi entre les différentes organisations. Et jusqu'aux coutumiers qui ont bien montré, ces derniers temps, les limites de la concorde et de l'unité.
Alors, on retiendra de ce 41ème congrès que les indépendantistes acceptent de discuter avec l'Etat. Mais c'est bien le moins qu'ils puissent faire après lui avoir posé un lapin en octobre dernier et après que le ministre ait accepté, finalement, de se soumettre à leur calendrier.
Le problème, c'est que là encore, il faut tout reprendre à zéro. Ils veulent bien parler mais ils ne veulent parler qu'avec l'Etat. Ils veulent bien parler, mais seulement, du transfert des compétences régaliennes et de l'accès à la pleine souveraineté.
Nous voilà bien avancés !
Là encore, rien de neuf sous le soleil et cela commence à devenir légèrement agaçant et, franchement, pas très constructif.
Et c'est là où l'on n'envie pas Gérald Darmanin parce que c'est lui qui va devoir leur expliquer que c'est fini, qu'ils ont perdu et qu'il faut maintenant passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire à la construction du futur statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française.
Pour cela il va devoir faire preuve de patience et de diplomatie mais ce sont des qualités dont est forcément doté un ministre de l'intérieur.
Et il va devoir être d'autant plus patient et diplomate que les non-indépendantistes l'attendent de pied ferme sur l'ouverture des discussions et, notamment, sur la question brûlante du corps électoral provincial. Ils ont exprimé leur impatience cette semaine et il faudra bien répondre à leur attente sachant que le corps électoral doit être dégelé. C'est une nécessité à la fois juridique et politique. Mais, pour qu'il soit dégelé, il faut réviser la constitution et, pour réviser la constitution, il faut qu'il y ait un accord politique. CQFD.
Il faut aussi – soit dit en passant – que le Président de la République réunisse le Congrès de Versailles et qu'il y dispose d'une majorité des 3/5ème.
Vous aurez compris que nous ne sommes pas au bout de nos peines et que l'on ne sait toujours pas comment on sort de cette mécanique infernale dans laquelle nous sommes enfermés. Espérons seulement que Gérald Darmanin détienne la clef.
En attendant, les indépendantistes auraient pu choisir un autre lieu que la salle omnisport de l'Anse Vata pour réunir leur 41ème congrès. La dernière dois qu'ils s'y étaient réunis, c'était pour lancer leur campagne en vue du 3ème référendum. On connait la suite. Ça ne leur a pas vraiment porté chance !