
La chronique de la semaine écoulée
19 février 2023 à 13:49Tout change, mais rien ne change !
C'est le constat que l'on peut faire au regard de l'actualité institutionnelle calédonienne.
Tout change ou plutôt, tout a changé, il y a 14 mois, quand le 3ème référendum a acté le maintien de la Calédonie dans la France et le refus, trois fois réaffirmé, de l'indépendance.
Mais rien ne change parce que, même si chacun convient qu'il faut maintenant construire le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française, tout le monde est suspendu au congrès du FLNKS qui se tient le week-end prochain et qui sera suivi d'un congrès populaire réunissant toutes les composantes indépendantistes.
Ils doivent décider de leur position sur l'avenir institutionnel et de l'ouverture, ou non, de bilatérales avec l'Etat.
Un Etat magnanime qui s'est calqué sur leur calendrier et qui a accepté d'attendre la réunion de leur congrès avant de prendre quelque initiative que ce soit. Espérons qu'il ne le regrette pas et que les indépendantistes n'aient pas fait patienter, pour rien, le ministre de l'intérieur et des outremers qui a fixé sa nouvelle visite sur le territoire en fonction des impératifs de ses interlocuteurs.
Tout change parce que le gel du corps électoral doit prendre fin. C'est une évidence à la fin de l'Accord de Nouméa puisque ce ne devait être qu'une mesure transitoire. Les plus hautes instances internationales – et notamment la Cour Européenne des Droits de l'Homme – n'accepteraient pas une prolongation et il faut donc, impérativement, trouver les moyens juridiques de dégeler ce corps électoral.
Mais rien ne change parce que les commissions administratives spéciales sont réactivées, comme si de rien n'était, avec la venue des experts de l'ONU et des magistrats métropolitains qui vont, une fois de plus, contrôler les listes électorales en vue des provinciales de 2024.
Un travail qui – en toute logique – ne devrait servir à rien.
Tout change mais rien ne change parce que l'on attend toujours l'audit de la décolonisation et le bilan de l'Accord de Nouméa qui sont présentés comme des préalables à l'ouverture des discussions mais qui sont loin d'être bouclés.
On nous a annoncé à plusieurs reprises – et notamment lors de la convention des partenaires – qu'ils étaient lancés mais en réalité, on en était seulement à la réalisation du cahier des charges puis à la recherche des cabinets qui seraient chargés de ces audits.
Bonne nouvelle, si on peut dire, les deux cabinets ont enfin été choisis et ils auraient même commencé leurs travaux dont le rendu est attendu pour le mois de juin.
On peut penser que c'est une date estimée…
Ainsi va la préparation de l'avenir institutionnel, et gardez-vous de montrer la moindre impatience parce que l'on vous expliquera, doctement, que ces choses-là prennent du temps, que l'on a toujours fait comme ça et que l'Accord de Nouméa a été négocié en trois semaines.
On vous dira aussi que la plupart des groupes de travail sont en place, même si les deux principaux, le groupe avenir institutionnel et le groupe nickel n'ont pas encore été installés et on vous dira enfin que le déplacement, la semaine prochaine de Gérald Darmanin est la preuve que les choses bougent et avancent.
Tout est question, sans doute, de rapport au temps comme le résume le célébrissime aphorisme du film Le Guépard. "Il faut que tout change pour que rien ne change"