
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée 18 08 25
La porte est étroite pour Manuel Valls mais il va essayer de s'y faufiler.
Tout l'enjeu de son 4ème déplacement en Nouvelle-Calédonie, c'est de sauver l'accord de Bougival mais, au vu des circonstances, ce n'est pas gagné.
Il faut sauver Bougival parce qu'après l'échec de Deva, le ministre d'Etat, ministre des outremer, ne peut pas se permettre un nouveau revers.
Il faut, aussi, sauver Bougival parce que pour l'instant, nous n'avons rien d'autre sous la main. Comme il l'écrit lui-même, il n'y a pas d'alternative. Auparavant, Manuel Valls disait "Un accord ou le chaos". Il a adapté sa formule pour affirmer désormais que, sans Bougival, c'est le statu quo, la fuite en avant, l’impasse ou la confrontation. Autant de solutions qui ne sortiraient pas la Nouvelle-Calédonie de l'abime dans lequel elle continue de s'enfoncer, depuis 15 mois et le déchainement des violences insurrectionnelles.
Mais surtout, il faut sauver Bougival parce qu'une majorité des groupes politiques qui l'ont signé le soutiennent et assument leur signature, et parce qu'une large part de leur électorat respectif semble le soutenir dans l'attente de son approbation par référendum en février 2026.
Mais si l'on appliquait en Nouvelle-Calédonie la loi de la majorité, ça se saurait ! Et l'Etat n'en serait pas là si, dès décembre 2021, il avait pris acte du résultat des trois référendums. Et nous n'en serions pas là si le "trois fois non" à l'indépendance avait été immédiatement traduit dans les faits par la recherche d'un statut au sein de la France.
A trop vouloir tergiverser, à trop vouloir prendre en compte les revendications d'une minorité, à trop laisser s'installer un rapport de force, on en est arrivé à l'impasse à laquelle nous sommes confrontés.
Parce qu'encore une fois, le rejet par le FLNKS de l'accord de Bougival, rend très étroite la marge de manœuvre du ministre des outremer.
Même si c'est un FLNKS atrophié, et privé de deux de ses principales composantes que sont le PALIKA et l'UPM. Même si c'est un FLNKS qui n'est plus que l'ombre de lui-même depuis que la CCAT en a pris les commandes. Même si c'est un FLNKS privé de réelle représentativité. Mais il va être difficile de contourner ce nouveau FLNKS qui a déjà repris le vocabulaire de la CCAT en parlant de "passage en force" ou en affirmant que "le corps électoral reste une ligne rouge".
"Je ne tomberai pas dans le piège des mots qui blessent et dans la confrontation" a immédiatement répondu Manuel Valls qui affirme qu'il ne cèdera pas à la menace de la violence et du blocage.
On a envie de dire que c'est la seule voie qu'il puisse emprunter mais ce n'est pas la plus facile. C'est bien de dire que sa porte reste ouverte mais pense-t-il vraiment qu'il est possible de comprendre les raisons peu explicites du choix incompréhensible du nouveau FLNKS ?
C'est bien d'assurer que le dialogue est la seule issue, mais croit-il véritablement pouvoir établir le dialogue avec un mouvement radicalisé qui ne fait que s'enfermer dans une logique idéologique qui n'offre aucune issue si ce n'est celle de la confrontation ?
Manuel Valls veut y croire et il maintient l'agenda de la mise en œuvre de Bougival avec l'installation du comité de rédaction auquel le FLNKS version CCAT ne veut pas participer. Il se félicite du dépôt d'une proposition de loi visant à reporter les élections provinciales en juin 2026 alors que le nouveau FLNKS veut le maintien des provinciales en novembre 2025.
Mais s'il veut vraiment sauver Bougival il faudra qu'il soit prêt au rapport de force et que, le moment venu, sa main ne tremble pas.
C'est là que l'on verra si sa détermination reste intacte, malgré l'étroitesse du chemin.