Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

28 novembre 2022 à 00:51

Gérald Darmanin doit convaincre, les uns et les autres, que l'impartialité de l'Etat n'est pas un oxymore.

C'est en quelque sorte, le voyage de la dernière chance !
Gérald Darmanin et Jean-François Carenco, qui arrivent ce matin à Nouméa, doivent accomplir des exploits voire des miracles et c'est ce que l'on attend d'eux, de part et d'autre de l'échiquier politique calédonien.
Ils doivent en avoir conscience ! Ce n'est pas pour rien que le ministre de l'intérieur et des outremers a décidé de s'absenter aussi longtemps de Paris pour consacrer toute une semaine à la Nouvelle-Calédonie. Une visite d'une durée exceptionnelle à la hauteur des enjeux mais qui comporte aussi, forcément, une obligation de résultat.
Mais c'est, pour autant, une visite en terrain miné avec de nombreuses embûches à surmonter et une somme de malentendus à effacer.
C'est le voyage de la dernière chance pour remettre la Calédonie sur les rails et pour concrétiser le lancement des discussions sur l'avenir institutionnel, qui a été proclamé, il y a tout juste un mois, par la convention des partenaires.
"Un lancement incomplet en raison de l’absence d’une partie des forces politiques" avait déclaré pudiquement la Première ministre.
Mais pour dire les choses comme elles sont, les discussions sur l'avenir institutionnel n'ont pas vraiment démarré en raison de l'absence des indépendantistes qui avaient décidé de bouder ce rendez-vous.
Le problème, c'est qu'ils boudent toujours et toute la subtilité de l'exercice va être de les convaincre de venir autour de la table pour discuter avec leurs partenaires, de la situation créée par les trois NON à l'indépendance.
Pour l'instant, ils veulent bien rencontrer les représentants de l'Etat, mais en précisant que ce ne sont pas des bilatérales, c’est-à-dire qu'il ne s'agit, en aucun cas, pour eux, de parler de questions d'avenir mais uniquement de faire part de leurs griefs et de leurs revendications.
Et pour commencer, il y a le 3ème référendum qu'ils contestent et dont ils n'ont toujours pas accepté qu'il ait été organisé à une date qui ne leur convenait pas. On sait que ce sont eux qui l'avaient demandé et que tout le reste n'est que prétexte, mais c'est un obstacle de taille à franchir.
Il y a ensuite l'objet même des discussions, la définition d'un projet pour la Nouvelle-Calédonie, qui consacre sa place dans la République française. Ce sont les mots d'Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, qui reprenait ainsi, devant le Sénat, la position, plusieurs fois réaffirmée depuis le 12 décembre 2021, par les représentants de l'Etat.
Et là, c'est un obstacle quasiment infranchissable. En tout cas, les indépendantistes ne sont pas disposés, pour l'instant, à envisager de le franchir.
Les plus lucides ou les plus sincères d'entre eux savent qu'il faudra y venir mais comme ils savent leur présence indispensable, ils jouent la montre.
Le calendrier de l'Etat n'est pas leur calendrier assènent-ils, en déclinant les dates de leurs différents congrès.
La méthode de l'Etat n'est pas leur méthode, affirment-ils, en déclarant – contre toute logique – qu'ils ne veulent parler que du transfert des compétences régaliennes et de l'indépendance.
Mais surtout, leur argument ultime c'est que l'Etat est partial et qu'il a choisi son camp.
C'est donc un travail de Titan qui attend Gérald Darmanin pour déminer un à un ces arguments et trouver les voies et moyens pour renouer la confiance avec les indépendantistes. Il doit le faire sans perdre celle des partisans du maintien dans la France qui, instruits par l'expérience, développent aussi une certaine méfiance à l'Etat.
Une tâche difficile attend donc le ministre de l'intérieur.
Pour faire court, il doit convaincre, les uns et les autres, que l'impartialité de l'Etat n'est pas un oxymore.

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