Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

16 mai 2022 à 00:43

Les campagnes législatives sont toujours mortifères en Nouvelle-Calédonie.

Les campagnes législatives sont toujours mortifères en Nouvelle-Calédonie. Ce sont les plus violentes et celles qui – en général – mettent un coup d'arrêt à toute possibilité de dialogue entre les responsables calédoniens.
Et il y a plusieurs raisons à cela.
La première tient au mode de scrutin uninominal. C'est un député, un homme ou une femme, qui est élu. Ce n'est pas un scrutin de liste où chaque parti se bat pour obtenir des sièges.
Les législatives, c'est un combat décisif. A la fin, il n'en restera qu'un ou qu'une dans chaque circonscription !
L'âpreté des campagnes législatives tient aussi, en Calédonie, à l'aura qui entoure le mandat, aujourd'hui encore, même si elle est moindre que par le passé.
Les noms des députés calédoniens du début de la 5ème République sont inscrits dans les mémoires et dans l'histoire : Maurice Lenormand, Roch Pidjot et, à partir de 1978, Jacques Lafleur qui a conservé son mandat pendant 29 ans, jusqu'en 2007.
Quand on parlait de lui, d'ailleurs, on disait, LE député, et tout le monde savait de qui il s'agissait. Il faut dire et que sa réélection a longtemps été une formalité. Il a été élu 6 fois sur 7 dès le premier tour. De quoi faire rêver bien des candidats.
C'est tout cela sans doute qui fait que les sièges de députés de la Nouvelle-Calédonie sont tellement convoités et qu'ils font l'objet d'une véritable lutte au couteau.
Espérons que ce ne sera pas le cas cette fois-ci mais on peut craindre le pire avec la réédition du scénario que l'on avait connu lors des législatives de 2012.
A l'époque toute la campagne avait été phagocytée par un seul thème, une seule phrase même. Après la levée des deux drapeaux en 2010, Philippe Gomès avait prétendu, pendant toute sa campagne, que Pierre Frogier – qui n'était pourtant pas candidat aux législatives – "préparait l'indépendance-association dans le dos des calédoniens". L'argument n'était ni fondé, ni argumenté mais la formule avait fait mouche et elle avait interdit tout autre débat.
Et voilà qu'il nous refait le coup ! Tout jeune retraité de la politique – affirme-t-il – Philippe Gomès a trouvé un autre joker qu'il pense imparable. Il accuse désormais Pierre Frogier – qui n'est toujours pas candidat aux législatives – de vouloir la partition de la Nouvelle-Calédonie, sous prétexte que le sénateur propose une différentiation provinciale qui redonne plus de compétences aux provinces.
Et c'est, déjà, le seul argument des candidats de la Majorité présidentielle qui, dans toutes leurs prises de parole, accusent leurs adversaires du Rassemblement d'être favorable à la partition, alors même que ceux-ci l'ont toujours nié et n'ont jamais évoqué une telle solution.
C'est la réplique de la tactique Gomès de 2012. Avec un seul mot, qui ne recouvre aucune réalité, ils évitent toute discussion et toute argumentation et ils tentent de jeter l'opprobre sur leur concurrent. Il serait désolant que le débat législatif 2022 se résume à cette joute stérile. C'est même un peu humiliant pour les calédoniens qui attendent mieux d'une campagne législative et qui espèrent de vraies réponses sur l'avenir institutionnel.
Peut-être faudra-t-il attendre l'entrée en lice des candidats indépendantistes pour que chacun se souvienne où est son véritable adversaire, mais rien n'est moins sûr.
Les indépendantistes peinent d'ailleurs à trouver leurs candidats et ils font durer le suspense. Il faut dire que ce scrutin leur est quasiment inaccessible en raison du subtil découpage des circonscriptions qui date de 1986. Ils s'en plaignent tous les 5 ans – et ils vont sans doute le faire cette année encore – mais entretemps, ils ne demandent jamais un redécoupage, comme s'ils ne souhaitaient pas vraiment envoyer un représentant à l'Assemblée nationale.
Décidément, en Calédonie, les législatives sont vraiment un drôle de scrutin.
On en oublierait presque que la finalité est de désigner deux représentants de la nation française, chargés de participer à l'exercice de la souveraineté nationale.

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