Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

10 mai 2021 à 11:41

Pierre Frogier propose d'unifier, en harmonisant les contraires, au lieu d'uniformiser en écrasant les différences.

Pierre Frogier est un agitateur d'idées.
Force est de constater que, depuis des années, il fait vivre le débat politique en Nouvelle-Calédonie. Et, tant pis pour ceux qu'il irrite, mais depuis le début de l'Accord de Nouméa, il est le seul à avoir apporté des propositions qui souvent suscitent la polémique mais qui alimentent la réflexion sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

La nécessité d'éviter les trois référendums, c'est lui qui l'a proposée dès 2009, comme le référendum de projet, dont se gargarise aujourd'hui Calédonie ensemble,
La charte des valeurs et le triptyque des valeurs républicaines, océaniennes et chrétiennes qui font aujourd'hui l'unanimité, c'est lui qui en a pris l'initiative dès 2011.
La recherche d'une solution consensuelle et d'un 3ème accord que beaucoup revendiquent aujourd'hui, c'est encore lui.Sans oublier, bien sûr, le geste des deux drapeaux qui a été éreinté et qui, pourtant, méritait mieux, à coup sûr, que l'instrumentalisation brutale qu'en ont fait certains. "Les deux drapeaux constituent une avancée majeure et vont dans le sens de cet esprit de l'Accord de Nouméa que vous avez signé" a d'ailleurs déclaré, mardi devant le Sénat, le ministre des outremers, qui a tenu à souligner que _"_ces deux drapeaux ont fait l'objet de caricatures" qui lui semblent "injustes et déplacées."

Alors, de grâce ! Que les opposants à la différentiation provinciale ou à la prééminence des provinces ne se livrent pas, de nouveau, à un mauvais procès.
Ils ont le droit d'être contre. Mais qu'ils proposent autre chose au lieu de dénaturer et de caricaturer une solution, en la stigmatisant d'un mot dont ils ne connaissent peut-être pas vraiment le sens mais qu'ils répètent comme des perroquets : "Partition".
Bien loin de l'invitation de Pierre Frogier à "revisiter notre histoire récente sans œillères, et avec un courage lucide".

Quand le sénateur calédonien propose – avec un peu de provocation – de négocier un désaccord, c'est l'aboutissement d'une longue réflexion menée par celui qui, précisément, est signataire de deux accords.
Il fait le constat de l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui la Calédonie, au terme de 30 ans d'un processus exemplaire. Elle est prise dans l'engrenage infernal de référendums mortifères, puisqu’aucun des deux camps ne se soumettra jamais aux convictions de l’autre.
Il constate qu'on en est arrivé là parce que "l'Accord de Nouméa a été confisqué et géré de façon partisane" et, pour sortir de cette voie sans issue, il propose d'en revenir aux sources des accords de Matignon qui – par la création des provinces – ont ramené la paix et la réconciliation. Il base aussi, et surtout, cette proposition sur le constat que la Calédonie est une terre aux identités multiples. Les Calédoniens veulent tous vivre sur cette terre mais pas de la même manière et il propose "d'unifier, en harmonisant les contraires, au lieu d'uniformiser en écrasant les différences".

Répondre par un mot, un seul, à cette réflexion, c'est… un peu court.
Que les indépendantistes qui n'ont pas de projet – si ce n'est celui d'une indépendance dont les contours sont incertains et que refuse la majorité des calédoniens – cèdent à la facilité, par dépit, en parlant de "partition", passe encore.

Mais que les autres, qui n'ont aucune solution institutionnelle à proposer, soient même incapables d'opposer un argumentaire sérieux et construit à cette proposition, c'est… pour le moins affligeant.

Et on souffre pour eux, de l'indigence politique que cela traduit en pensant à cette réflexion de Rivarol : "C'est un terrible avantage que de n'avoir rien fait. Mais il ne faut pas en abuser"

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